La France malmenée au classement de Lausanne sur la compétitivité
Par LExpansion.com
Depuis 1989,
l'Institut for management development de Lausanne (IMD)
élabore un classement des Etats les plus compétitifs. A la fois objectif et
subjectif, il s'appuie sur des données chiffrées et l'opinion des chefs
d'entreprises.
La France y est à la peine.
Une vingt-huitième place peu flatteuse. Juste derrière
l'Inde et le Chili. Loin derrière les Etats-Unis invariablement classés en tête
d'années en années. Le classement des 55 Etats les plus compétitifs établi par
l'IMD de Lausanne n'est pas tendre avec
la France. Certes,
l'Hexagone y gagne deux places depuis l'an dernier.
Mais sur la décennie écoulée, la France appartient au groupe des 15 pays qui concèdent du terrain aux Etats-Unis. Quand certains s'en rapprochent très vite, comme la Chine, l'Inde ou la Russie. En plus d'être mal classée, la France est dans « une dynamique défavorable », juge Stéphane Garelli, directeur du Centre sur la compétitivité mondiale de l'IMD.
En gage de fiabilité, ce classement « accorde une très forte priorité à ce qui est mesurable », assurent ses auteurs. Il est établi à partir de plus de 300 critères. Les deux tiers sont des données statistiques « brutes ». Les équilibres budgétaires, la fiscalité, la productivité ou le coût du travail, entre autres, sont ainsi passés au crible. Le tiers restant mesure la perception de la compétitivité. A partir d'enquêtes d'opinions menées sur un panel de chefs d'entreprises: des responsables français ou expatriés de sociétés domestiques ou étrangères établies en France.
Avec des questions du type : « pensez-vous que le système éducatif
est approprié pour développer la compétitivité du pays ? », ou
« pensez-vous que l'attitude de la population par rapport à la
mondialisation est positive ou négative ? ».
Ces critères interrogent la performance économique, l'efficacité de l'Etat, des
entreprises et des infrastructures.
La France s'en tire sur les infrastructures pour lesquelles elle se classe au 18e rang, et pour la performance économique (19e). En revanche, elle est reléguée au 42e rang tant pour l'efficacité de l'Etat que des entreprises. En cause, selon l'étude, la politique budgétaire pour laquelle Paris arrive dernier de la liste (55e), comme pour le niveau de cotisations sociales des entrepreneurs.
Les Français sont également derniers pour « la flexibilité
et l'adaptabilité des gens confrontés à de nouveaux défis ». Les relations
au travail sont à peine mieux notées (53e), de même que l'attitude
générale face à la mondialisation (54e). De même,
la France est handicapée par
son taux de croissance, 1,5% en 2006. En la matière, « la barre a été très
haute » rappelle Stéphane Garelli. La croissance moyenne des pays mesurés
fut supérieure à 5%. Aucun pays n'a été en récession lors de cette année
exceptionnelle.
Pourtant, selon les chiffres de l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII),la France oscille selon les années entre la deuxième et la quatrième place mondiale pour les investissements directs étrangers entrants (IDE). Aussi, l'Institut de Lausanne ne forcerait-il pas le trait ? « L'attraction française est concentrée dans quelques régions clés : l'Ile-de-France, Rhônes-Alpes, dans une moindre mesure la Côte d'Azur et la région toulousaine », répond Stéphane Garélli. « C'est particulièrement le cas depuis la mise en œuvre des pôles de compétitivité.
Or nous mesurons la compétitivité de l'ensemble du territoire », avance-t-il. A l'actif, de la France, « un extraordinaire réservoir d'intelligence, de technologies et de compétences », selon les auteurs de l'étude. Mais se pose la question de son adaptation à la compétitivité de l'économie, considèrent-ils.
C'est le cas en particulier du lien entre le système éducatif, la recherche, et les entreprises. Autre atout de poids, la productivité du travail, pour laquelle la France se classe 3e. Mais selon l'étude, ses vertus sont contrecarrées par un taux d'emploi très bas : 41% seulement de la population française est active. Contre 48,6% aux Etats-Unis, ou 51% au Danemark. « En France, les actifs sont très bons, mais il n'y en a tout simplement pas assez », considère Stéphane Garelli. Qui s'interroge : « peut-on véritablement faire décoller un pays avec un taux d'emploi à seulement 40% ? ».
Voir:
http://www.lexpress.fr/info/economie/infojour/infos.asp?id=157884