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Regards sur les pôles
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11 avril 2010

Pôles de compétitivité – L’interclustering

Logique de réseau contre logique de proximité

“De grandes entreprises externes au pôle Minalogic s’engagent à essayer nos microtechnologies et logiciels embarqués. La société Babolat, qui appartient au pôle sportif Sporaltec, a accepté de fabriquer une raquette de tennis qui indique combien de coups droits le joueur a réalisé au cours de sa partie”, relate Nicolas Leterrier, délégué général de Minalogic. Axés sur l’innovation, les clusters ou pôles de compétitivité regroupent sur un territoire limité trois types d’acteurs d’une même filière : entreprises, formation, recherche. Mais la coopération entre pôles de différentes filières peut donner naissance à des produits finis en phase avec le marché. “Si je produis un moteur, je vais essayer de vendre une voiture : un produit plus facilement achetable et utilisable”,indique Christophe Nicot, directeur de l’agence régionale Midi-Pyrénées innovation. Et rien de mieux que l’innovation des pôles pour répondre aux demandes du marché, qui attend “une rupture par rapport aux technologies existantes”, explique André Michel, directeur de l’axe “bionumérique” au pôle Medicen, spécialisé dans la santé. En région parisienne, le cluster Medicen a ainsi noué un partenariat avec le pôle Systematic, dédié aux logiciels, et Cap Digital, spécialiste du contenu digital. “En technologies de la santé (appelées Tic et santé), la vidéo reliant le malade à son domicile aux médecins existe déjà. Mais il faut y greffer des systèmes et des capteurs de signaux cardio-vasculaires. Les pôles trouvent leur raison d’être dans ces ruptures”, explique-t-il. L’e-médecine englobe aussi bien le matériel récoltant les données du patient, que les logiciels qui les archivent ou les transfèrent aux infirmières, médecins ou laboratoires pharmaceutiques qui peuvent ensuite orienter leurs recherches sur les besoins du malade. “Dans un domaine si vaste, les coopérations prennent toute leur place”, insiste André Michel.

Les pouvoirs publics à la manœuvre dans une démarche interpôles

La Commission européenne s’est engagée à favoriser la coopération transnationale entre clusters, en travaillant sur des outils de mise en réseau. Au niveau national, les projets peuvent être “colabellisés”, dans le but d’éviter les doublons entre les 71?pôles de compétitivité de l’Hexagone. Ce qui signifie que même s’ils appartiennent à différents pôles, les acteurs réunis autour d’un projet R&D bénéficieront de subventions publiques du Fonds unique interministériel (FUI) de l’Agence nationale de la recherche (ANR) ou d’Oseo-Innovation. Tandis qu’au niveau régional, les conseils régionaux participent à l’administration des pôles et voient défiler les projets, acquérant ainsi une “vision transversale”, selon André Michel. Outre leur soutien financier à la gouvernance et aux programmes de recherche, ces derniers financent les agences de développement ou d’innovation. Elles se chargent demettre en relation les entreprises et les chercheurs qui ne se connaissent pas. “Le rôle de l’agence Midi-Pyrénées innovation est que les Toulousains voient plus loin que Toulouse. Le pôle Agrimip produit des agro-fibres pour le pôle aéronautique Aerospace. Nous avons fait visiter à ce dernier l’usine d’un fabricant de chaussettes, qui réalise dorénavant du tricotage de fibre pour leur compte”, explique son directeur Christophe Nicot. Une structure conçue dans un esprit interpôle, alors que les pôles se sont construits autour de filières spécifiques. Il en existe déjà 17 en France, sur 22?régions.

Trois niveaux de travail collaboratif

Au niveau des pôles, ce travail collaboratif est plus ou moins structuré. Philippe Bassot, vice-président du cabinet CM-International, estime que l’on peut distinguer trois niveaux. D’abord, les pôles qui constituent des groupes de travail communs pour définir de nouveaux marchés, “ce qui illustre leur maturité”. Ainsi Medicen a monté des groupes dans quatre domaines transversaux : gestion des connaissances médicales, de l’imagerie, des dispositifs médicaux, et des technologies de la santé. Ils sont organisés en cycle de trois réunions réparties sur six mois. “A partir de la 2e réunion, il faut avoir identifié une innovation de rupture”, explique André Michel. Deuxième forme de relations, les “coopérations ponctuelles, mais intégrées dans la stratégie du pôle” à travers des discussions constantes entre les gouvernances des pôles. Et dans une dernière catégorie,“une coopération plus ponctuelle et passive, au gré des opportunités”. Chez Minalogic, Nicolas Leterrier explique qu’il mêle l’ensemble de ces formules. “Nous collaborons surtout avec les pôles de même taille que nous : c’est-à-dire de classe mondiale. Nous montons des groupes de travail, et nous nous voyons avant de déposer des dossiers au FUI. Nous essayons ainsi d’intégrer des acteurs de pôles externes dans chaque projet”, relate le délégué général.

Des intérêts contradictoiresentre les collectivités et l’Etat

La collaboration à l’intérieur des pôles nécessite déjà un effort des acteurs des pôles, de leur gouvernance et des pouvoirs publics. La mise en réseau de pôles distants et de différentes filières s’avère donc d’autant plus difficile. Pas naturelle, elle réclame un volontarisme plus fort à tous les niveaux, freiné par le manque d’informations sur les clusters, et un imbroglio administratif. “Nous assistons à une dérive totale de la politique des pôles. Dans leur conception initiale, ils étaient basés sur un territoire de dimension limitée, dans une logique de proximité : de la rencontre peut naître l’innovation”, dénonce Dominique Gambier, vice-président PS chargé du développement économique et de la recherche de la région Haute-Normandie. “Or, depuis quelque temps, on nous demande d’élargir, et d’élargir encore. Au départ nous avons regroupé notre cluster automobile avec celui de Normandie Motor Valley, en Basse-Normandie. Puis pour obtenir notre labellisation, l’Etat nous a demandé de fusionner avec Vestapolis en Ile-de-France, pour créer Mov’eo. Ensuite, il a demandé un rapprochement entre Mov’eo et MTA en Poitou-Charentes, qui n’a aucune région contiguë avec celles de Moveo”, relate-t-il. Il conclut : “Nous sortons de la théorie selon laquelle le milieu et les rencontres informelles créent l’innovation, sur l’exemple de Gutenberg qui a innové car il vivait au milieu des vignerons, et leur a emprunté le pressoir à vis.” En effet, la distance est le plus grand adversaire de la coopération entre clusters. “Les PME du Pôle mer Bretagne ne vont pas forcément rencontrer les acteurs du Pôle mer Provence-Alpes-Côte-d’Azur. L’innovation naît de rencontres informelles. En terre inconnue, les entrepreneurs ne connaissent pas les chercheurs spécialisés dans leur domaine”, regrette l’élu. “Le manque d’information constitue un obstacle à la coopération”, confirme Lucia Seel, coordinatrice des projets européens à Clusterland, en Autriche. Si Dominique Gambier admet que la mise en réseau peut s’avérer pertinente dans certains cas, il pointe l’opposition d’intérêts contradictoires. “Il existe des intérêts territoriaux et des intérêts de réseaux. Les collectivités locales favorisent les rencontres dans les territoires. Et l’Etat aspire à une mise en réseau dans une logique de politique industrielle”, explique-t-il. Les pouvoirs publics locaux voient d’un mauvais œil leurs efforts financiers en faveur des pôles aboutir à des créations de richesses et d’emplois à l’extérieur de leur région. De son côté, l’Etat débourse 1,5 milliard d’euros sur 3 ans dans la politique des pôles, pour la période 2009-2011. “Nous avons une difficulté à appréhender le rôle des collectivités d’un côté et le rôle de l’Etat de l’autre. Les régions vont se crisper sur leur territoire. Les deux logiques vont s’opposer”, craint Dominique Gambier. Ce conflit d’intérêts crée des obstacles à la coopération.

“Lors d’un appel d’offre dans le cadre du grand emprunt, chacun des pôles va proposer un projet, car derrière les pôles, les régions et les collectivités locales défendent leur territoire. L’agence de développement à l’international de Lyon se trouve en concurrence avec celle de l’Alsace. Il y a ainsi davantage de compétition entre territoires qu’entre pôles”, constate Isabelle Scarabin, directrice des affaires économiques et internationales de Lyonbiopôle, axé sur les maladies infectieuses, les cancers et les nouvelles thérapies.

A chacun sa logique de financement

La solution pour Dominique Gambier consiste à “préciser le rôle de la région et de l’Etat”. A la région le financement de la logique territoriale, à l’Etat celle de la mise en réseau. Car selon lui, elles “peuvent cohabiter”. Cette dernière permettant de “reconstituer une politique industrielle”. Selon Isabelle Scarabin, les pôles peuvent inverser la tendance au scepticisme des collectivités, en montrant que la mise en réseau peut avoir des répercussions positives au niveau local. “J’ai pu envoyer des entreprises de la région au Japon grâce à notre partenariat Life Science Corridor France (LCF), qui regroupe Lyonbiopôle, Alsace BioValley et Cancer Bio-Santé à Toulouse”, indique-t-elle. Tandis que pour résoudre le problème de la distance, l’information entre les clusters doit circuler sans encombre. Au niveau local et national, la gouvernance des pôles a son rôle à jouer. Exemple européen, la structure autrichienne Clusterland arbore pour slogan : “l’innovation à travers la coopération”. Elle relie six?clusters de différents secteurs : automobile, bois, plastique, mécatronique, technologie médicale et technologie environnementale. Ainsi que trois réseaux intersectoriels dans le domaine de ressources humaines, design&media et efficience énergétique. Cette gouvernance intercluster ressemble à celle des pôles français organisés en filière, puisqu’elle informe de l’actualité des clusters, organise des formations, et met les acteurs en relation. Toutefois, elle n’agit pas dans une logique de filière, mais de réseau.

La mise en place de plate formes collaboratives

Au niveau international, le chantier de la collaboration des pôles français reste énorme. “Les pôles doivent se débrouiller pour identifier les grands centres de recherche étrangers, les universités d’excellence. Nous travaillons pour trois pôles agro-alimentaires qui nous ont demandé de répertorier ces centres. Nous sommes partis de rien au départ : juste Internet. Puis nous avons questionné les pôles nationaux pour récupérer leurs contacts”, relate le consultant Philippe Bassot. Constatant ce manque, Lucia Seel a mis au point une plate-forme collaborative, dans le cadre de l’Observatoire européen des clusters. “Selon notre étude, 420 clusters sur les 1 000-1 500 que compte l’Europe, ont montré un besoin urgent de ce réseau social”, indique-t-elle. Financée par l’Union européenne, la plate-forme sera accessible sur Internet à partir de septembre 2010, gratuitement et en langue anglaise. Elle donnera une visibilité des structures et permettra d’identifier les membres d’un cluster partout sur le continent d’ici 2012. “Les compétences d’un cluster sont connues au niveau national dans les petits pays comme l’Autriche mais pas dans les plus grands comme la France et l’Allemagne. Dans les pays étrangers, ces informations sont beaucoup plus opaques, y compris pour les clusters de même filière”, explique Lucia Seel. “Pour les clusters spécialisés dans le plastique, le site donnera des informations sur le type de traitement du plastique de chacun. Les brevets et les produits conçus seront également visibles”, ajoute-t-elle. La plate-forme offrira de nombreux services aux pôles : des discussions sectorielles, un benchmarking virtuel et anonyme sur cinq ou dix indicateurs qui leur permettra de se comparer aux autres, des informations sur les programmes de soutien européens, et un espace de discussion dédié aux managers de clusters, qui pourront partager leurs problèmes. Pour l’heure les clusters sont insuffisamment identifiables, à l’inverse de certains leviers de la coopération : qu’ils soient humains, avec les coordinateurs de tout poil ; pratiques, à travers les outils de communication, ou législatifs, via la précision des rôles de l’Etat et des régions. Il reste à les créer ou à les renforcer.

Par Alain Roux

Voir: http://www.lenouveleconomiste.fr/2010/04/06/poles-de-competitivite-interclustering/

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Commentaires
Y
Bonjours j’aime bien ton site,tu pourrais aller voir le miens si tu veux une recette ou deux à la prochaine!
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