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Regards sur les pôles
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5 juin 2010

Groupements d'entreprises. Un nouveau souffle

Les alliances entre les entreprises et leur environnement-centres de recherche et de formation-constituent clairement un des grands axes des politiques publiques de l'État et des conseils régionaux (photo DR).
Après plus de deux mois d'attente, l'État a désigné, début mai, les 42 «grappes d'entreprises» jugées exemplaires sur le plan national. Si en Midi-Pyrénées, seule la Mecanic Vallée peut désormais se prévaloir de cette distinction, d'autres groupements d'entreprises devraient se positionner lors de la seconde vague de cet appel à projets. Le reflet d'une tendance forte des PME à s'unir pour se développer.

Dossier réalisé par Aline Gandy et Marie Lepesanten collaboration avec l'édition de Loire-Atlantique«Une entreprise isolée est une entreprise potentiellement en danger». Cette maxime du sénateur vendéen Bruno Retailleau (cf. interview dans Le Journal des Entreprises de mai2010) résume parfaitement l'état d'esprit du moment. À l'heure de la mondialisation et de la culture de l'instantané, une entreprise prend des risques en restant seule. Surtout en France où le tissu économique est majoritairement constitué de PME plus petites que dans les autres pays européens comme l'Allemagne. S'offrent alors à elles deux options pour émerger dans le jeu mondial et face aux nouvelles politiques industrielles des grands groupes: la croissance externe, gourmande en capitaux, ou la stratégie d'alliance, plus facile à mettre en oeuvre d'un strict point de vue financier, mais plus compliquée à réaliser culturellement parlant. Pourtant, les mentalités sont en train de changer. Si la France ne peut pas encore se vanter d'avoir le même niveau de performance en matière d'alliances d'entreprises que les districts industriels italiens, les choses tendent tout de même à évoluer.

Des SPL aux «grappes»

Les alliances entre les entreprises et leur environnement- centres de recherche et de formation- constituent clairement l'un des grands axes de la politique industrielle de l'État. Depuis la mise en place des Systèmes Productifs Locaux (SPL) par la Datar en 1998 jusqu'à la création des pôles de compétitivité en 2004. Dans la foulée, la Région Midi-Pyrénées a initié, par l'intermédiaire du Schéma régional de développement économique de 2007, une politique favorisant l'émergence de filières d'excellence: aéronautique, agro-industries, biotechnologies, logistique, mécanique, textile, TIC, etc. Sous des formes diverses, des alliances et regroupements d'entreprises ont ainsi vu le jour sur le territoire, sans que l'on en connaisse forcément toujours les contours.

Combien sont-ils vraiment? «Une dizaine de clusters en devenir», selon Robert Castagnac, commissaire à la réindustrialisation et correspondant régional pour l'appel à projets «grappes d'entreprises» de la Datar. Plus que leur nombre, c'est leur logique qui importe. Car tous ont pour but de développer une offre commune, de démarcher de nouveaux clients, de mieux répondre aux exigences des donneurs d'ordres ou d'attaquer des marchés internationaux. Par rapport aux pôles de compétitivité, ce sont des structures souples, qui peuvent faire de l'innovation sans un lourd programme de R & D et dont les problématiques débouchent rapidement sur des enjeux de marché.

Une 2e vague de sélection au second semestre

Pour encourager ce frémissement, l'État a lancé en octobre dernier via la Datar un appel à projets doté d'un budget spécifique de 20M€. Clos en décembre, il vise à soutenir la dynamique des «grappes d'entreprises» (traduction canadienne du terme anglo-saxon business cluster, cf. encadré ci-contre), «dans le même esprit que celui des pôles de compétitivité, à savoir: créer du réseau entre des entreprises qui ont un même ancrage territorial», souligne Aurélie Bray, responsable Développement Industriel et Technologique à la Direccte Midi-Pyrénées. L'objectif de l'État est ainsi d'offrir une visibilité nationale et européenne aux clusters français et de les soutenir financièrement, tant au niveau des projets que de l'animation du réseau. Au total, 112 clusters français ont déposé un dossier, dont quatre originaires de Midi-Pyrénées: Enermasse (valorisation des déchets issus de la biomasse), Mecaforum (essais automobiles sur circuits), Mecanic Vallée (mécanique de précision) et Saveurs Midi-Pyrénées (alimentation plaisir). Dans un premier temps, l'État a privilégié les clusters existants et suffisamment matures. Une façon de montrer l'exemple. Conséquence: un nombre restreint de dossiers a été retenu. Sur les 42 «grappes» sélectionnées, une seule- la Mecanic Vallée- a un pied en Midi-Pyrénées, contre huit par exemple en Rhône-Alpes, quatre en Bretagne ou deux en Paca. Difficile d'interpréter ces résultats avant la fin de la seconde vague de sélection- cette fois ouverte à des projets émergents- qui est programmée au cours du second semestre 2010. Au final une centaine de clusters devraient bénéficier du soutien étatique.

Une dizaine de clusters régionaux en devenir

En région, une dizaine d'initiatives s'inscrivent dans une logique de clusters. Focus sur quatre d'entre elles, plus ou moins avancées.

Enermasse

Si l'idée d'Enermasse émane d'entreprises désireuses de valoriser leurs déchets issus de la biomasse (une vingtaine à ce jour), elle a été appuyée par les collectivités (communauté d'agglomération de l'Albigeois et Grand Rodez) et l'École des Mines d'Albi. «Nous avons été candidats à l'appel à projets ?grappes d'entreprises? pour prendre position et obtenir des avis», explique Laurent Tantot, chargé de la préconfiguration du cluster. Grâce aux remarques «constructive»s de la Draaf et de l'Ademe notamment, Enermasse va postuler au second appel à projets avec un dossier présentant des actions plus concrètes comme la friture des boues issues des stations d'épuration. Tél.:

05.63.38.87.87

Le cluster Saveurs

Retoqué comme Enermasse et Mecaforum au terme de la première vague de l'appel à projets «grappes d'entreprises», le cluster Saveurs a sans doute pâti de sa jeunesse. Initié fin 2008 par la Région, il n'a pas, pour le moment, de structure juridique et se conçoit plutôt comme «une bannière marketing pour déployer des actions au bénéfice des entreprises», indique Midi-Pyrénées Expansion (MPE), qui travaille à sa mise en oeuvre opérationnelle depuis un an.

Couvrant un peu plus de 700 acteurs en région qui adressent tous le même marché de l'alimentation plaisir, le cluster Saveurs s'est fixé un objectif de trois actions prioritaires en 2010, dont le développement de nouveaux produits, en partenariat avec l'Aria et Midi-Pyrénées Innovation. www.saveurs-mipy.com cluster Bien-Être

Le

Dans la même logique et avec le même calendrier que Saveurs Midi-Pyrénées, le cluster Bien-Être a été créé pour fédérer quelque 200 acteurs régionaux du secteur en émergence de la cosmétique et du bien-être. Même marché, mêmes enjeux, résume MPE qui a identifié, là encore, trois actions à déployer cette année. L'une d'elles s'est traduite, du 17 au 19avril, par l'accompagnement d'une délégation de huit entreprises au salon Cosmoprof de Bologne.

www.bien-etre-mipy.com Vallée Lauragais

Bio

«Un terreau pour toutes les entreprises bio déjà implantées ou qui cherchent à le faire»: c'est ainsi que Frédéric Grange, président des Laboratoires Biocos (Revel), perçoit la Bio Vallée Lauragais. Également engagé dans le cluster Bien-être, il dit apprécier le partage d'expérience et le développement du réseau que favorisent ces initiatives. Les Laboratoires Biocos font partie de la trentaine d'entreprise bio impliquées dans ce projet de développement économique, porté par Alain Chatillon. Encore au stade des prémisses, «un audit va être réalisé pour définir un territoire précis, qui pourrait aller jusqu'au sud du Tarn et le nord de l'Aude, et préciser les attentes des entreprises pour aboutir à une charte d'engagement», explique Bernard Storup, président de Bio Vallée Lauragais et directeur de Nutrition et Soja. Tél.: 05.62.18.71.40
P. Chapignac. «L'opérationnel c'est le seul souci des entreprises»
Consultant en stratégie, Pierre Chapignac travaille depuis plus de vingt ans sur les problématiques de réseaux et de nouveaux actifs des entreprises. En avril, il a mis en ligne le numéro zéro de Zones Mutantes, un webzine où il est question de clusters, pôles et territoires.

Comment définir Zones Mutantes?

C'est bien sûr un moyen de capitaliser l'expérience que j'ai acquise ces vingt dernières années en travaillant avec des clusters, en France avec France Clusters (le club des districts industriels français, ndlr) et au-delà avec la Commission européenne, mais pas seulement. Zones Mutantes n'a pas été fait dans l'esprit d'un blog: c'est avant tout un lieu d'échanges et de débats, qui doit s'enrichir de contributions, partenariats, etc. Il s'agit bien d'un numéro zéro, qui ne préjuge donc ni de sa forme future ni même de sa continuité dans la durée. Malgré tout, les premiers retours sont très positifs et prouvent l'intérêt d'un média comme celui-ci, compte tenu de l'émergence de nouveaux modes d'organisation des entreprises.
Ces nouveaux modes d'organisation des entreprises, quels sont-ils?
Des groupements d'entreprises, il en existe de toutes formes et ils se font en fonction de besoins objectifs de développement économique: cinq entreprises de mécanique à Châteauroux qui ont un intérêt à travailler ensemble et vont s'organiser en GIE, des spécialistes du décolletage qui se sont regroupés dans la Vallée de l'Arve pour y créer un véritable vivier de compétences, devenu aujourd'hui un pôle de compétitivité, etc. Tout cela relève de tendances objectives, de phénomènes naturels, qu'il faut distinguer de la volonté politique d'accompagner les mouvements de regroupement d'entreprises, d'abord avec les SPL puis avec les pôles de compétitivité et enfin avec les grappes.
Ce «millefeuille» ne va-t-il pas à l'encontre de la recherche de cohérence affichée par l'État?
Pas si les pôles prennent en charge les grands projets et s'appuient sur les petits clusters pour obtenir des remontées de terrain, mettre en oeuvre des actions concrètes. L'opérationnel, c'est le seul souci des petites entreprises: en quoi ces projet vont-ils leur permettre d'avancer? Quant à savoir si les projets ont été initiés par un pôle, un SPL ou une grappe...

Cabinet Stratégie et Mutation (34): www.strategie-mutation.com www.zonesmutantes.com

Mecanic Vallée. «Ils étaient déjà un cluster sans le savoir»

Seule lauréate en région de l'appel à projets «grappes d'entreprises 2010» de la Datar, la Mecanic Vallée se démarque par plus de dix années d'ancienneté comme Système Productif Local.

Chez Midi-Pyrénées Expansion, personne ne s'est vraiment étonné de la sélection de la Mecanic Vallée par la Datar le 4 mai. L'Agence de développement, chargée notamment de mettre en oeuvre la stratégie régionale d'animation de filières, estime en effet que «la Mecanic Vallée était déjà un cluster sans le savoir.» Et de fait, tant par son organisation que par son fonctionnement, elle répond en tout point à la définition de «grappe d'entreprises» (cf. encadré page2) du ministère de l'Espace Rural et de l'Aménagement du Territoire (Merat). Initiée par Robert Vitrat (société Ratier-Figeac) à la tête de l'Adimac (Association pour le développement industriel du Massif Central) et ses partenaires (collectivités locales, agences de développement et organismes consulaires), l'association Mecanic Vallée fonctionne, depuis sa création en novembre 2000, sur le même mode: d'abord identifier les problématiques communes aux entreprises de mécanique de précision de l'Aveyron, de la Corrèze et du Lot; ensuite mener des actions concrètes pour y répondre. Un pragmatisme qui explique le succès du groupementauprès des industriels (98 des 135

adhérents) et les soutiens successifs que lui ont apportés l'État, à travers une labellisation «Système Productif Local» (SPL) en 1999 et, dernièrement, son titre de «grappe d'entreprise exemplaire». Ce qui caractérise aussi la Mecanic Vallée, c'est la synergie entre de grandes entreprises comme Ratier-Figeac ou Figeac Aéro et un tissu de plus petites qui ont compris que la complémentarité de leurs compétences était la clé de leur compétitivité d'aujourd'hui et de demain.

Le 30 septembre se tiendront les 12e Rencontres d'affaires de la Mecanic Vallée, à Brive. www.mecanicvallee.com
Innovation et ressources humaines au coeur du programme d'actions présenté à la Datar
En appui de sa candidature à l'appel à projets «grappes d'entreprises», l'association Mecanic Vallée a soumis un programme d'actions triennal intitulé «Innovations et Compétences». «Lauréat ou pas, ce programme aurait de toute façon été mené, mais sans doute pas avec les mêmes moyens», confesse son animateur, Hervé Danton. Néanmoins, de l'enveloppe annoncée par le Merat- de l'ordre de 20M€ sur deux ans, complétée par la Caisse des Dépôts, d'Oséo, voire d'autres ministères- nul ne sait encore ce qui reviendra à chacune des «grappes» sélectionnées. La Mecanic Vallée s'est quant à elle assurée le soutien de ses cofinanceurs publics (dont la Datar, les régions Midi-Pyrénées et Limousin, les départements de l'Aveyron, de la Corrèze et du Lot, l'Europe ponctuellement) pour conduire son programme d'actions. L'objectif: aider les entreprises adhérentes à développer ensemble des projets sur de nouveaux marchés, au moyen de l'innovation et de compétences renforcées. Traditionnellement positionnées sur les secteurs de l'aéronautique, l'automobile et la machine-outil, les entreprises de la Mecanic Vallée pourraient ainsi transférer un peu de leur savoir-faire vers les métiers de l'éolien, des transports ou des composites, dans les années à venir.

Cluster, SPL, Pôles et autres grappes

- Cluster: « Une concentration géographiquement forte d'entreprises et d'acteurs associés interconnectés dans une certaine mesure, incluant les fabricants, les services, la sous-traitance, les universités, et les associations» (définition de Michael Porter, professeur à Harvard Business School). - Système Productif Local (SPL): groupement d'entreprises et d'institutions géographiquement proches et qui collaborent dans un même secteur d'activité. - Pôle de compétitivité: association, sur un territoire donné, d'entreprises, de centres de recherche et d'organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale, destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d'un (ou de) marché(s) donné(s). - Grappes d'entreprises : réseaux d'entreprises fortement ancrés localement, souvent sur un même créneau de production, qui ont un important impact sur les activités, l'emploi et la création de richesse et dans lesquels les PME sont souvent majoritairement présentes.

Sources: www.datar.gouv.fr et www.competitivite.gouv.fr

Voir: http://www.lejournaldesentreprises.com/editions/31/actualite/fait-du-mois/groupements-d-entreprises-un-nouveau-souffle-04-06-2010-96194.php

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