Une Sport Valley de haut vol

Pépinière. Le pôle d’entreprises dévolu aux sports de glisse et de plein air fait déjà parler de lui.

Par Audrey Levy

La région Rhône-Alpes compte des pôles de compétitivité dynamiques, comme Arve Industries, autour de la mécanique de précision, ou Imaginove, spécialisé dans les loisirs numériques. Dans cette région au cadre exceptionnel, où le sport de plein air est largement pratiqué et décliné dans toutes les disciplines, de la randonnée pédestre au VTT en passant par le ski et le snowboard, il ne manquait plus qu’un pôle consacré à l’industrie du sport. « Rien que pour le parapente, nous recensons 800 sauts par jour sur le col de la Forclaz, indique Christophe Vandepoortaele, directeur adjoint de la communauté d’agglomération d’Annecy. Nous voulons développer ce dynamisme touristique et de loisirs au niveau économique. » Et pour cause. La filière du sport en extérieur pèse lourd dans l’économie locale avec la plus forte densité d’entreprises spécialisées. Il y en a 80 en Haute-Savoie, dont 50 dans l’agglomération annecienne, employant 2 000 personnes.

Capitale de l’outdoor. L’idée de se fédérer pour être plus fort a fait son chemin et Annecy comptera bientôt l’Outdoor Sport Valley (OSV), un pôle d’excellence économique autour des sports de glisse et de plein air. Sur le papier, le projet est ambitieux. « A la manière de la Silicon Valley américaine, le pôle couvrira l’arc alpin de Grenoble à Innsbruck ; Annecy, future capitale européenne de l’outdoor, sera sa porte d’entrée » , poursuit-il.

Lancé en janvier à l’initiative de la communauté d’agglomération d’Annecy, avec le soutien de la chambre de commerce et d’industrie et le conseil général, le projet a bénéficié de 250 000 euros de financement. « L’idée était dans les cartons depuis des années, confie Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale et vice-président de la communauté d’agglomération d’Annecy. La candidature d’Annecy aux JO a été un coup d’accélérateur. »

Une douzaine d’entreprises du bassin annecien estampillées outdoor sont déjà de la partie. Ces entreprises, dont les patrons sont les administrateurs du pôle, pèsent à elles seules plus de 2 milliards d’euros. « Le regroupement de ces grands groupes jadis concurrents va mutualiser leurs forces, c’est une première » , se réjouit Rémi Forsans, directeur exécutif de l’OSV. Parmi elles, Salomon, fabricant de skis, Millet et Eider, spécialisés dans les équipements techniques de haute montagne, TSL, le leader mondial des raquettes à neige, Fusalp, Patagonia, Odlo, Orage et Rip Curl, fabricants de vêtements de sport outdoor, et Sup’Air, d’accessoires de parapente, ou encore Tecnica, leader européen du marché de la chaussure de montagne. « Nous voulons attirer de grands groupes comme de petites entreprises, ajoute-t-il. Une vingtaine sont déjà candidates. »

Bouillonnement. Nombre de sociétés bouillonnent de projets mais ne disposent pas de moyens suffisants pour les mettre en oeuvre. « OSV les aidera à passer de l’idée à la création d’une richesse économique » , souligne Jean-Luc Diard, président du pôle, à la tête de Tecnica. Des forums et de grands événements seront créés pour promouvoir les savoir-faire des industriels à travers le monde. A l’instar des Performance Days, un Salon international organisé en avril à Annecy autour de l’innovation textile et des matériaux intelligents. « Nous développerons des services pour aider les créateurs à se lancer » , ajoute Bernard Liatti, président d’Innovaski, chargé des événements. A l’instar de la pépinière d’entreprises réunies autour de la marque de vélos Scott, dans la zone des Glaisins, qui propose des locaux sur 4 000 mètres carrés et un showroom design de 300 mètres carrés. « Les fabricants n’auront plus besoin d’envoyer des commerciaux à travers le monde. Les acheteurs viendront faire leur marché sur place en deux jours » , assure Michel Gaillard, responsable financier de Scott.

Le pôle travaillera en étroite collaboration avec les grandes structures comme CIM, le cluster qui regroupe les industries de la montagne, la Fifas, fédération qui compte 300 marques de sport, ou EuroSima, qui fédère les marques de surf, skate et snowboard. « En collaboration avec l’European Outdoor Group [EOG], qui planche avec les grandes marques de l’outdoor sur les nouvelles réglementations européennes, nous aiderons les entreprises à appliquer les études sur la fin de vie des produits, le bilan carbone, le bien-être au travail » , certifie Jean-Marc Pambet, président de Salomon et membre du conseil de l’EOG.

Formation. La formation est également au coeur des préoccupations. Pour répondre aux besoins des entreprises en main-d’oeuvre qualifiée, de nouvelles spécialités verront le jour. « Avec l’aide de l’IUT, nous formerons des spécialistes de la vente ; avec l’Université de Savoie, des techniciens qui apporteront leur expertise sur les matériaux et des spécialistes en design qui étudieront les chaussures de demain et les composites à base de fibres végétales » , détaille Pascal Aymar, responsable des formations au sein du pôle. En partenariat avec l’EM Lyon, un master sport devrait être créé en septembre 2011, pour former les futurs managers. Pour l’heure, le comité de pilotage de l’OSV se prépare à annoncer le lancement officiel de son plan d’action 

Voir: http://www.lepoint.fr/actualites-region/2010-06-10/une-sport-valley-de-haut-vol/1556/0/464993