« 2012, un tournant pour la culture à Nantes »

Estuaire reporté d'un an, une année de la culture en 2012, une biennale jeune public en 2011, un pôle Jules Verne... Jean-Marc Ayrault nous livre, lors d'un entretien exclusif, les grands axes de sa politique culturelle.

La nomination de Jean Blaise a surpris. Marque-t-elle un tournant dans la politique culturelle de Nantes ?

On a surpris car tout le monde n'a pas compris cette nomination. D'un côté, Jean-Marc Devanne, le directeur de l'Office du tourisme, souhaitait partir. De l'autre, les trois structures juxtaposées (Le Château, les Machines et l'Office du tourisme) ne pouvaient pas continuer à vivre ainsi. Il fallait rationaliser les moyens, arrêter avec trois budgets de communication, et les mettre au service d'une ambition : que la destination nantaise soit une évidence. Personne ne nie les talents de Jean Blaise. Il a l'avantage d'avoir créé un nouveau métier d'animation de territoire avec Estuaire. Dans cette optique, on lui a déjà demandé de préparer un grand événement pour 2012.

Que se passera-t-il donc en 2012 ?

Une année exceptionnelle de dimension nationale et internationale, qui mettra en valeur toutes les forces nantaises. Sans faire un remake des Allumées, on veut retrouver une certaine folie. Toute la ville sera contaminée par l'art, amateur et professionnel, dans tous les quartiers, les lieux dédiés à la culture mais aussi les bars, les places... Ça démarrera en janvier avec les Bis (Biennales internationales du spectacle) puis la Folle journée, et, chaque mois, des événements différents. Estuaire est reporté d'une année pour s'y intégrer et nous laisser ce temps de préparation. Il ne s'agit pas de créer un événement artificiel mais de répondre toujours à nos trois grandes priorités pour la culture : offrir un parcours culturel à chaque Nantais, faire émerger les nouveaux talents et faire de la culture l'élément fort de l'attractivité de la ville. Dans ce cadre, 2012 marquera un tournant.

Dans chaque Nantais, il y a aussi le jeune public ?

Effectivement, il n'y a pas de vraie saison jeune public à Nantes. En 2011, nous organiserons un festival jeune public, dès six mois, à dimension locale, nationale et européenne. Nicolas Marc, l'actuel organisateur des Bis, nous a fait une proposition. Mais la culture pour tous, ce sont aussi les créations partagées mises en place en 2009 et amplifiées en 2010 dans onze quartiers. C'est encore l'implantation durable des petites fabriques dans les quartiers qui accueillent la Luna, rapacité, le label Yolk...

Ces collectifs d'artistes auraient dû se retrouver dans la Fabrique de l'île de Nantes. La deuxième tranche est-elle définitivement abandonnée ?

Avec le temps, c'est un mal pris pour un bien. Les petites fabriques permettront d'avoir une implantation du projet dans la ville. Budgétairement, il faut faire des choix. La Fabrique de l'île de Nantes, ce sera déjà le plus grand équipement de cette nature en France : un nouvel outil géré de façon collective qui accueillera sur 7 000 m2 desartistes locaux, nationaux et internationaux. Sa présence dans le quartier de la création, avec l'École des Beaux-Arts, l'école du livre, etc., on se rapproche d'un vrai pôle de compétitivité, une nouvelle filière de l'économie. La culture, c'est aussi de l'emploi.

Sur quels moments forts repose aujourd'hui l'attractivité de Nantes ?

Le festival des Utopiales par exemple : nous voulons en faire un temps fort national autour des utopies, de la science-fiction et du monde vernien. Les dates vont changer. On réfléchit à un événement autour du livre mais le projet n'est pas encore mûr. L'attractivité durable passe aussi par de grands événements comme la venue d'Ariane Mnouchkine et son spectacle vernien Les Naufragés du Fol espoir, pendant quatre semaines en 2011.

Que se passera-t-il du côté du musée Jules Verne ?

On a imaginé Planète Jules Verne, un pôle dédié à l'écrivain entre le musée Jules Verne, le Planétarium et la maison de l'Ermitage qui, après rénovation, accueillera des expositions. Nantes n'a pas choisi l'hommage muséographique et laisse à Amiens, ville où a vécu l'écrivain, la présentation de ses objets personnels.

Comment se présente le projet de grand musée d'art ?

J'attends que l'État s'engage. J'ai rencontré Frédéric Mitterrand à ce sujet la semaine dernière. J'espère que tout va se boucler mais c'est assez préoccupant. Mitterrand, j'ai des relations de qualité avec lui. Mais on est à une époque où il est très difficile d'être ministre de la Culture car la culture n'est pas portée dans les projets du gouvernement.

Recueilli par Véronique ESCOLANO et Isabelle LABARRE

Voir: http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_--2012-un-tournant-pour-la-culture-a-Nantes-_-1435955------44109-aud_actu.Htm