Pôle d'excellence agroalimentaire régional : Cambrai prend la présidence

On aurait tendance à l'oublier, mais encore faudrait-il que ça se sache : l'agroalimentaire, c'est aujourd'hui le fleuron industriel du Nord - Pas-de-Calais, par le chiffre d'affaires que le secteur engendre. S'appuyant en cela sur une agriculture productive et performante, ainsi que sur une situation géographique enviable, au coeur d'un bassin de consommation transfrontalier ô combien dense.

Le secteur est ainsi le premier employeur de la région : plus de 38 000 personnes, réparties dans quelque 2 800 entreprises. Il en est également le premier exportateur, et dans le Nord - Pas-de-Calais, et en France, devançant pour le coup la Bretagne et les Pays de la Loire, pourtant fers de lance de l'industrie agroalimentaire hexagonale... Ce n'est ainsi pas par hasard qu'un géant comme le groupe Fleury Michon a choisi Cambrai pour s'implanter. Pas plus qu'il n'est fortuit de voir aujourd'hui une entreprise comme celle de Daniel Dessaint, Sauce et Créations, trouver dans le Cambrésis une terre d'épanouissement autant que d'essor ( la société vient de lancer sur le marché la Dwich' Box, nouveau concept combinant à la fois une offre de snacking gastronomique et un kit original pour apéro tendance, on en reparlera).
C'est dire la place stratégique qu'occupe l'agroalimentaire dans l'économie régionale. C'est dire aussi la mission capitale incombant aux territoires arrageois et cambrésien, auxquels la réflexion autour de l'harmonisation et du développement de ce secteur a été confiée (lire aussi ci-contre ). Ce chantier a débuté il y a un an. Et entre aujourd'hui dans une phase beaucoup plus concrète et opérationnelle. Au gré de laquelle il s'agit avant tout de rendre plus lisible et visible l'image de l'industrie agroalimentaire régionale, « de lui donner un rang digne de ce qu'elle apporte », comme le souligne le sénateur-maire d'Arras, Jean-Marie Vanlerenbergue. Autre priorité que d'accompagner la montée en puissance de ces nombreuses PME régionales qui, pour jouir d'une excellente réputation, n'ont pas toutes les cartes en main pour déployer leur jeu au niveau européen, voire mondial. Enfin, parce qu'il est pour le moment jugé « indigne », il importe de donner ses lettres de noblesse à un vaste et conquérant pôle de recherche fondamentale et appliquée, sorte de laboratoire high tech d'où, au terme d'un intense jus de neurones, seraient pétries, cuites et emballées toutes les idées novatrices susceptibles de faire de la région l'incontournable et compétitive référence nationale dans le domaaine de l'agroalimentaire. Un projet que devrait mener l'Adrianor, centre de ressources technologiques pour les entreprises agroalimentaires, basé à Arras... Tout cela doit s'opérer, et la Région insiste beaucoup sur ce point, « dans un esprit de développement durable ». En respectant notamment ceux qui sont à la source, ces 13 800 agriculteurs-éleveurs-producteurs, « auxquels on doit assurer une juste répartition des richesses, au risque qu'ils se pensent être les dindons de la farce ».
C'est donc Cambrai (et plus exactement Michel Liénard, maire de Rumilly et vice-président de la CAC) qui va cette année assurer la présidence de ce pôle d'excellence. Un travail qui s'accomplira « dans la continuité et la concertation » entre Arras-en-Cambrésis et Cambrai-lez-Arras ! Il ne manque décidément plus qu'une belle ligne ferroviaire transitant par Marquion (et le canal Seine-Nord) et reliant les deux territoires pour que l'idylle soit parfaite...

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L'idée de créer un pôle d'excellence agroalimentaire régional a germé en 2005,  en même temps qu'ont vu le jour les fameux pôles de compétitivité (dont  Uptex , le pôle textiles innovants, bien connu dans le Cambrésis).   

Mais il aura fallu patienter quatre ans avant que le projet soit enfin porté sur les fonts baptismaux.  Et c'est à Cambrai et Arras que le patron de la Région, Daniel Percheron, a décidé de confier l'animation de cette structure, fin 2009.

C'est quoi et ça sert à quoi ?-   Il en existe à vrai dire déjà dans d'autres domaines : mécanique, plasturgie, logistique, bois, tourisme, automobile… Il s'agit, en ce qui concerne l'agroalimentaire (secteur regroupant pas moins de 2 600 entreprises et 38 000 salariés dans le Nord - Pas-de-Calais), de permettre aux acteurs de cette filière, qu'ils soient institutionnels, consulaires, industriels, agricoles et universitaires, de disposer d'un espace commun et de proposer une stratégie opérationnelle,
en lien étroit avec les besoins des entreprises, quelle que soit leur taille, et ce afin d'optimiser les conditions de leur développement.  Trois axes de travail : accroître la compétitivité internationale, nationale et régionale des entreprises agroalimentaires du Nord - Pas-de-Calais ; augmenter la valeur ajoutée individuelle et collective de ces entreprises ; leur offrir une visibilité internationale.  Deux cibles : les grands groupes implantés dans la région, auxquels il convient de proposer des
services « plus » afin de conforter leur ancrage ; les PME-TPE, auxquelles il faut permettre d'accéder à la formation, l'innovation, la recherche, l'intelligence économique et la promotion à grande échelle de leurs produits.

Comment ça marche ?  - C'est donc à la communauté d'agglomération de Cambrai (CAC) et la communauté urbaine d'Arras (CUA) que Daniel Percheron, président du conseil régional, a confié les commandes de ce pôle, selon le principe d'une présidence alternée (c'est Arras qui s'y collait en premier).  Une gouvernance politique à laquelle on a ajouté une vice-présidence opérationnelle, qu'assure Olivier Hermand, directeur général de Leroux.  Un délégué général, Fabrice Hoscede, a été recruté, ayant en charge
la mise en oeuvre des réflexions et décisions d'un conseil d'administration sur lequel veillent le sénateur-maire d'Arras et président de la CUA, Jean-Marie Vanlerenberghe, et le députe-maire de Cambrai et patron de la CAC, François-Xavier Villain.

Ce qu'on peut en attendre ?-   «  Contrairement à beaucoup de schémas bien trop virtuels, ce dispositif s'appuie sur une réalité économique , se réjouissait en novembre 2009, François-Xavier Villain.    Et c'est une fierté que le Cambrésis ait été choisi pour piloter ce pôle, en ce que notre territoire est un maillon important de l'agroalimentaire dans la région.  On abrite beaucoup de PME  (Afschain…),   mais aussi des grands groupes comme Candia, Téréos, Buitoni, Florette, Royal Canin et bientôt
Fleury Michon.  Et puis, il ne faut pas oublier que l'industrie agroalimentaire ne serait rien sans le monde agricole, également bien implanté chez nous.  Un monde qu'il ne faut pas voir comme une survivance du passé et qu'il faut aider à relever les défis qui l'attendent.  Le but de ce pôle sera notamment d'associer au mieux les défis de l'industrie agroalimentaire et du monde agricole (…) Les retombées économiques sont pour le moment difficiles à mesurer, mais sachant que tout ce que nous mettrons en place visera à les aider à prospérer, on peut espérer que cela crée des emplois .  »   
  H.  Fé.

Voir: http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Cambrai/actualite/Cambrai/2011/02/06/article_pole-d-excellence-agroalimentaire-region.shtml