Le Canada, nouvelle cible des pôles de compétitivité français

Soucieux de ménager les finances publiques, le gouvernement canadien a récemment donné une impulsion nouvelle à la politique de développement de ses clusters. Au programme : concentration, internationalisation et commercialisation. Et des opportunités pour les pôles de compétitivité français.

Avec une population inférieure de 50 % à celle de la France, le Canada dispose de plus de 72 initiatives de « clusters », soit autant qu’en France. Il s’agit d’un réseau très hétérogène, peu lisible à l’international. Afin d’y remédier la plupart des 11 provinces canadiennes ont, courant 2010, revu leur politique d’innovation, préconisant une limitation du nombre de clusters et une plus grande concentration, illustrée par le Consortium en photonique ou le regroupement des quatre « créneaux » d’excellence sur les transports, au Québec. Le bénéfice serait double : se faire mieux connaître à l’international et atteindre une taille critique, permettant de mettre en place des leviers financiers plus importants.

Afin de permettre aux acteurs des pôles français de comprendre le fonctionnement du réseau de clusters canadiens et de les aider à affûter leurs stratégies de partenariats, la Direction générale de la compétitivité, de l’innovation et des services (DGCIS) a publié en décembre dernier une étude consacrée aux clusters canadiens (voir le PDF en fin d’article). La DGCIS y souligne notamment l’importance grandissante de la dimension commerciale, une dynamique soutenue par le gouvernement fédéral, en particulier via le programme des Centres d’excellence en commercialisation et en recherche (CECR). Une composante à ne pas oublier dans un partenariat.

La DGCIS a sélectionné et analysé le fonctionnement de 24 clusters afin de repérer leur intégration dans des réseaux internationaux et leur ouverture à des collaborations avec des pôles français. Et prodigue ses conseils aux pôles français : privilégier les pôles mondiaux pour éviter « l’effet défilé », opter pour une approche de groupement thématique des pôles ou, à l’inverse, une approche géographique impliquant des regroupements par thématique. Bref, si les clusters canadiens sont de plus en plus portés sur l’international, les pôles français doivent néanmoins structurer leur démarche.

D’autant que le contexte actuel favorise grandement les collaborations franco-canadiennes. Le marché européen redevient en effet intéressant pour le Canada. Dans certaines feuilles de routes des clusters canadiens l’Europe est citée comme un marché prioritaire car, note l’étude de la DGCIS, « même si la mentalité aux USA peut être proche de certaines provinces du Canada, les tailles d’entreprises sont parfois disproportionnées par rapport au tissu d’entreprises canadiennes ».

Sophie Creusillet

Voir: http://www.lemoci.com/46007-canada-nouvelle-cible-p%C3%B4-comp%C3%A9titivit%C3%A9-fran%C3%A7ais