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Regards sur les pôles
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6 mars 2011

Des PME françaises en manque de projets européens

01/03/11 Frank Niedercorn

Permettre à une centaine de petites et moyennes entreprises de participer à des projets collaboratifs européens, c'est l'objectif du programme de partenariat technologique européen lancé par Bercy l'an dernier et qui fait suite à celui de 2007. « Cela s'est traduit par du coaching avec des consultants qui connaissent les critères d'évaluation et nous ont aidés à formaliser la présentation de notre projet », résume Angelo Corsaro, un des fondateurs de la jeune société francilienne Prismtech, qui avait été sélectionnée et participe désormais au projet Blend Box (programme européen Eurostars).

Cette fois-ci, l'ambition de la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) est d'autant plus importante qu'il s'agit de ne sélectionner que des entreprises primo-accédantes, c'est-à-dire n'ayant jamais participé à un projet européen. Une ambition louable, car la France est en effet mal placée dans la compétition européenne de la recherche. En mars 2009, un rapport de l'Inspection générale des finances soulignait ainsi « la faible implication des PME françaises » dans le programme-cadre pour la recherche et le développement (PCRD). Les rapporteurs mettaient en relief un certain nombre de caractéristiques bien françaises.

Absence de vision d'ensemble

D'abord une faiblesse chronique de la culture partenariale, mais également une absence de vision d'ensemble des aides à l'innovation qui ne permet pas « de faire du dispositif national un tremplin vers l'Europe ». Et même si les PME françaises pointaient au troisième rang des participantes (avec 630 PME, tout juste devant l'Italie, mais loin derrière l'Allemagne et ses 914 entreprises), cela restait faible par rapport au poids économique de notre pays, contributeur important du 7 e PCRD (2007-2013) doté de 53 milliards d'euros de crédit. Conséquence, un manque à gagner de 400 millions d'euros et qui pourrait atteindre 2,2 milliards d'euros en 2013, pointait le rapport. Celui-ci a suscité beaucoup de débats, mais a été rangé dans un tiroir. La principale mesure consistant à confier à un seul acteur, en l'occurrence l'ANRT (Association nationale pour la recherche et la technologie), la responsabilité du point de contact national (PCN) (aujourd'hui dispersé dans les organismes de recherche) a été ignorée.

Toute la complexité des programmes européens, c'est qu'ils sont collaboratifs et imposent donc des partenariats entre entreprises et centres de recherche de différents pays communautaires. « L'intérêt est d'accéder à des compétences qu'une PME n'a pas et à des marchés », résume Véronique Desbleds, responsable du bureau Europe d'Innovalis, une structure financée par la région Aquitaine. Ainsi la société bretonne Marinelec, qui a bénéficié de l'appui du programme monté par Bercy, s'est aussi appuyée sur la technopole locale de Quimper sur les aspects touchant à la propriété industrielle. Au sein d'un gros projet baptisé Poséidon, elle participe aujourd'hui à un sous-projet collaboratif pour remplacer les réseaux câblés par du sans-fil à bord des bateaux. « C'est lourd pour une PME. Même si l'on est habitué à l'international et que l'on parle anglais. Ce serait assez compliqué pour nous sans ces appuis », confirme Pascal Citeau, gérant de la société.

Nouvelle vague

Pour trouver une nouvelle vague de PME candidates à la participation à des projets européens, Bercy a retenu une douzaine de projets représentant au total une trentaine de pôles de compétitivité mais également d'autres organismes comme le Centre technique de la mécanique ou Oséo. Certains projets sont conduits par un pôle, par exemple, Lyonbiopôle, Mer Paca, ou Systématic. D'autres comme celui du Sud-Ouest sont multisectoriels et en regroupent plusieurs. Car les PME françaises sont si peu sensibilisées aux projets européens qu'un gros travail de terrain est nécessaire. Ainsi en 2007, 1.900 PME avaient été approchées, parmi lesquelles un tiers (640) avaient donné lieu à un diagnostic. Un tiers de ces dernières (271) avaient été accompagnées pour finalement en voir 99 financées. Certains spécialistes craignent ainsi une « politique du chiffre » privilégiant le nombre de dossiers déposés au détriment de la qualité. A l'image d'Alain Quévreux, chef des activités européennes de l'ANRT : « Le PCRD devient de plus en plus concurrentiel et il faut donc aider les PME à bâtir de solides partenariats technologiques. Et c'est d'autant plus long si l'on s'adresse à des entreprises primo-accédantes. » Un avis partagé par Michel Carton, membre du Cetim (Centre technique de la mécanique), qui participe au projet au sein d'un consortium monté avec des pôles de compétitivité et les instituts Carnot : « Avant de monter des projets européens, nous voulons d'abord faire entrer nos PME dans des projets existants. Il faut faire les choses dans l'ordre et par étape. Il est peu réaliste et très difficile de vouloir faire monter un projet européen par une entreprise sans expérience européenne préalable. »

FRANK NIEDERCORN, Les Echos

Voir: http://www.lesechos.fr/innovation/technologies/0201176820272-des-pme-francaises-en-manque-de-projets-europeens.htm

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