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Regards sur les pôles
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18 décembre 2011

Développement durable – Green Tech

Publié le 15/12/2011

Les éco-technologies, dans des secteurs aussi variés que l’énergie, le bâtiment ou le transport, sont promises à un bel avenir et à une forte croissance. Outre les grandes entreprises, qui ont amorcé un virage dans ce sens, de plus en plus de start-ups et de PME innovantes se lancent dans ce domaine quasi vierge. Mais, dans un contexte économique pour le moins chahuté, les financements font souvent défaut. Et l’écosystème n’est pas toujours propice à leur développement. Gare à ce que la France ne manque pas le train des green technologies.

Parmi les cent femmes les plus influentes de la finance européenne, figure, dans le classement établi par le Financial News, Valérie Rabault, responsable Risk Strategy (activités dérivés-actions) de BNP Paribas. Maître de conférences à Nanterre (Paris X), cette ingénieure des Ponts et Chaussées est co-auteure de l’optimiste Les Trente Glorieuses sont devant nous (Editions Rue Fromentin), paru en mars 2011. Pour que la France renoue avec la réussite économique, elle préconise de faire des “choix audacieux”, comme “multiplier par quatre la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie, tout en diminuant par deux les consommations énergétiques”.

Soucieuses de leur impact sur l’environnement, les entreprises, petites ou grandes, avancent, chacune à leur manière, dans le secteur des technologies vertes, ou greentech. Celles qui mettent une stratégie de développement durable au cœur de leur modèle sont aussi celles qui innovent, développent leur chiffre d’affaires, soignent leur notoriété, fédèrent leurs collaborateurs… et surtout créent de la valeur. En effet, force est de constater que les entreprises les plus investies en matière de développement durable ont réussi, en grande majorité, à démontrer la rentabilité de leurs efforts : selon une récente étude, 66 % des entreprises “pionnières” sont désormais rentables. De quoi donner des idées à celles qui n’ont pas encore osé sauté le pas.

En outre, le rapport sur le développement des éco-entreprises en France, publié en 2006 par Thierry Chambolle, président de la commission environnement de l’académie des technologies, indique que “8 000 entreprises, notamment des PME, avaient déjà investi dans le marché des éco-technologies”, ce qui représentait à l’époque 400 000 emplois. Les prévisions tablaient sur un chiffre de 620 000 emplois créés d’ici à la fin 2010. Jean-Marc Mérillot, expert à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), définit “l’éco-innovation” comme “la prise en compte explicite des enjeux écologiques dans le processus d’innovation”.

Appartenant à des secteurs aussi variés que vitaux, les greentech ont comme dénominateur commun la recherche de solutions technologiques à des problèmes écologiques. Le domaine de l’énergie représente le champ majeur du secteur, car les besoins sont considérables : capacité à réduire et à optimiser la consommation d’énergie, production et stockage alternatifs d’énergie, production de froid et de chaud, etc. Les activités de services et de conseils ont, elles aussi, pris le tournant de l’innovation verte (conseil, diagnostic, certification, éco-conception, éco-marketing).

Eco-pressions

“Il est clair aujourd’hui qu’une entreprise souhaite avoir un impact moins négatif ou plus positif sur l’environnement”, souligne Jean-Marc Bailly, directeur général d’Aster Capital, fonds de capital-risque réunissant les groupes Schneider Electric, Alstom et Rhodia. Qui poursuit : “Le secteur greentech répond à une tendance de fond qui résulte d’une prise de conscience assez forte et généralisée des entreprises. Contribuer à diminuer la pollution implique nécessairement l’émergence de nouvelles technologies”.

Aussi bien les petites sociétés que les grands groupes soutiennent l’idée de développer des initiatives fortes pour avoir un impact positif sur l’environnement. L’impact sera forcément beaucoup plus visible pour une start-up que pour une grande entreprise. “Une start-up dans les greentech va concentrer 100 % de son activité autour de l’innovation, alors que pour un grand groupe comme Schneider Electric, l’activité va progressivement prendre le tournant du greentech. C’est tout le cœur historique de l’entreprise qui doit évoluer”, précise Jean-Marc Bailly.

Point d’inertie donc, mais une volonté affichée de changement. La prise de conscience pour un monde plus “propre” est bien réelle : “En b-to-b, il est intéressant de constater que les entreprises ont pris l’habitude de manifester leur volonté de mesure de l’empreinte carbone avant d’acheter un produit X ou Y. C’est dire combien les mentalités ont changé, affirme Jean-Marc Bailly. Quant au consommateur lambda, il est de plus en plus sensible à la protection de l’environnement. Du coup, il devient une sorte de donneur d’ordres pour le marché futur” Cette pression vers plus d’écologie dans les pratiques des entreprises est une aubaine pour les jeunes pousses innovantes qui développent des produits et services conçus pour limiter leur impact environnemental.

D’une manière générale, les éco-filières ne surgissent pas ex nihilo. “Dans les Pays de la Loire, elles s’appuient sur une histoire industrielle et sur des savoir-faire”, explique Christophe Clergeau, premier vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, en charge de l’économie et de l’innovation. “Ainsi, la région s’appuie sur des filières nouvelles ou des filières qui ont des enjeux très forts de transformation et d’intégration d’éco-technologies. Et dispose d’une dynamique d’ensemble de développement d’éco-projets dans des filières déjà existantes”, poursuit-il.

Vecteur de croissance économique, la capacité d’innovation constitue une donnée primordiale dans la stratégie des dirigeants d’entreprise. Une récente étude du cabinet Lowendalmasaï révèle d’ailleurs que 80 % des entreprises interrogées, de la PME au grand groupe, ont une stratégie d’innovation. Mais, derrière cette statistique plutôt rassurante quant à la capacité des sociétés françaises à trouver des relais de croissance, se cache une réalité plus nuancée.

“La prise de conscience de la nécessité d’innover a eu lieu, mais il ne suffit pas de mettre en place des actions pour aboutir à des résultats. Encore faut-il savoir bien les piloter”, commente Hervé Estampes, directeur du groupe fiscal et financier Lowendalmasaï. Il évoque les sessions de créativité instaurées dans 21 % des sociétés interrogées. “Les idées émergentes auraient du mal à remonter, à se structurer pour surmonter les contraintes techniques”, ajoute-t-il. Toujours est-il que, selon Christophe Clergeau, du conseil régional des Pays de Loire, les dirigeants d’entreprises “raisonnent soit en termes d’opportunités, soit en termes d’obligations. (…).

Sur les énergies renouvelables, ils raisonnent en opportunités. Mais dans le secteur de l’automobile ou le secteur classique de l’aéronautique ou de la navale, ils raisonnent en opportunité sous contrainte. Celui qui ira le plus vite pour contribuer à l’allégement des voitures ou à l’efficacité des moteurs survivra, dans un paysage de la construction automobile où le niveau d’exigence environnementale sera de plus en plus élevé. En somme, résume-t-il, tout le monde sent bien, y compris dans les productions traditionnelles comme l’agriculture, que les défis environnementaux constituent un impératif de norme, de marché, ou une attente sociale qu’il faut intégrer le plus vite possible”.

Jean-Luc Beylat préside Alcatel-Lucent Bell Labs France, qui s’est allié en 2010 avec une kyrielle d’industriels et d’instituts de recherche, afin d’inventer les nouvelles technologies vertes pour le secteur des télécoms.

Ainsi, le consortium mondial “Green Touch” ambitionne-t-il, d’ici à cinq ans, de réduire par 1 000 la consommation énergétique des réseaux télécoms. “L’architecture des réseaux a toujours été pensée en fonction des débits de la collectivité, mais rarement en fonction de la consommation énergétique. Le potentiel pour aboutir à un nouveau monde de télécommunications vertes est réel. Pour cela, il fallait travailler avec le plus grand nombre, en associant tous les acteurs de la chaîne de valeur : structures académiques, constructeurs, opérateurs…”

Effets de crise

Même si les greentechs ont de nombreux atouts pour voir leur croissance augmenter considérablement dans les prochaines années, notamment son ancrage de plus en plus certain dans l’esprit des dirigeants, le secteur n’a pas échappé à la crise. Certaines filières ont été particulièrement affectées. En particulier celles qui se sont en grande partie construites grâce aux aides de l’Etat… Jusqu’à ce que celui-ci ne révise son implication.

Franck Bernage est directeur général de Photalia, la division solaire créée en 2007 du groupe Vergnet, créée en 2007 et spécialisé dans les énergies renouvelables : “Le solaire est lié à un tarif d’achat et donc à une subvention indirecte. En France, le moratoire sur le marché solaire photovoltaïque a mis un gros coup de frein au développement de l’activité et un certain nombre d’entreprises en ont subi les conséquences, à l’instar de Photowatt, une des sociétés pionnières du secteur, qui a récemment été placée en redressement judiciaire”, rappelle le dirigeant de Photalia, qui a centré son activité vers les pays émergents et en voie de développement.

“Dans la filière du solaire, on observe qu’un transfert d’activité est train de s’opérer entre l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon vers des pays émergents à l’instar de la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le marché va donc continuer à croître”, estime-t-il. Jean-Marc Bailly, d’Aster Capital, observe quant à lui que “des segments ont beaucoup progressé avant de subir un déclin assez significatif, comme l’industrie solaire (…). La crise a ainsi eu pour effet de ralentir certaines initiatives”, résume-t-il.

Quid de la filière de l’eau ? Pour Daniel Villessot, président du pôle de compétitivité Dream – Eau et Milieu, également directeur scientifique de Suez Environnement et de la Lyonnaise des Eaux, “il s’agit d’une filière très mature puisque les grands groupes français du secteur en sont les leaders mondiaux. Malgré tout, cela reste une filière en développement pour les nouveaux métiers en France et à l’international”.

Soutiens multiformes

D’une manière générale, pour assurer leur développement et se pérenniser, les filières des greentechs peuvent s’appuyer sur des systèmes de soutien financier auxquels elles peuvent prétendre, aussi bien au niveau national qu’européen, pouvant ainsi ouvrir sur de nouveaux débouchés et de nouvelles collaborations. Les appels à projets régulièrement lancés par l’Ademe ou les ministères sont autant d’opportunités pour de nouvelles éco-technologies.

Par ailleurs, l’Union européenne apporte une assistance aux PME européennes. Cette assistance est disponible sous différentes formes, telles que des subventions, des prêts et, dans certains cas, des garanties.

Logé au sein du fonds de compétitivité des entreprises (FCE) et géré par le ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, le Fonds unique interministériel (FUI) est l’instrument financier principal de la politique des pôles de compétitivité et regroupe des fonds des différents ministères impliqués dans la politique des pôles. Il accorde des subventions pouvant atteindre 30 % du montant éligible pour les entreprises hors zonage du pôle, 45 % pour les PME situées dans la zone du pôle et 100 % des coûts marginaux pour les organismes de recherche.

Ces aides sont conditionnées à un cofinancement des collectivités locales. Oseo accorde également des aides directes à l’innovation, en ciblant plus particulièrement les PME, mais favorise aussi l’accès aux financements privés et l’accompagnement des entreprises par des services de conseil, d’expertise et de réseau. Les entreprises peuvent en outre compter sur le rôle des pôles de compétitivité (voir aussi l’encadré).

“Le pôle de compétitivité est un acteur essentiel pour aider notamment les petites structures qui n’ont pas de moyens importants pour monter et écrire des projets. Le pôle est là pour leur apporter cet appui technique et pour leur permettre de se retrouver avec des laboratoires, des centres de recherches et de formations, assure Daniel Villessot, président du pôle Dream-Eau et Milieux, implanté dans la région Centre. Le pôle n’est pas un financeur de recherches. Mais, par exemple, il est un passage obligatoire pour accéder au projet financé par le fonds unique interministériel (FUI).”

L’apport des régions ne doit pas non plus être sous-estimé. “Une entreprise greentech peut bénéficier des mêmes aides que les autres entreprises en terme de subventions, d’avances remboursables sur leurs investissements, ou encore en matière d’accompagnement de ressources humaines, atteste Christophe Clergeau, du conseil régional des Pays de la Loire, dont les énergies renouvelables et le domaine maritime constituent les deux secteurs à forts enjeux. Mais notre conseil régional, contrairement à d’autres, n’a pas souhaité développer une politique greentech spécifique de façon à ne pas segmenter les fonds d’intervention. L’idée est que les entreprises ne changent pas de métier, mais qu’elles prennent un tournant stratégique, afin de résister à la concurrence. Notre logique n’est pas de faire émerger des filières totalement nouvelles, qui surgiraient de nulle part à partir de start-ups, sauf dans le cas précis des ressources marines, une filière qui émerge totalement.”

Pôles de compétitivité

Ecosystèmes de synergies

Six nouveaux pôles dédiés aux éco-technologies (eau, gestion des déchets, construction et énergie) ont été labellisés, en mai 2010, par le Comité interministériel pour l’aménagement et le développement du territoire (Ciadt). Afin de prendre en compte les enjeux environnementaux, sources d’opportunités de croissance pour l’industrie, six entités ont ainsi vu le jour : le pôle “Eau” (Languedoc-Roussillon, PACA et Midi-Pyrénées), le pôle “Gestion des eaux continentales” (Alsace-Lorraine), le pôle “Dream-Eau et milieux” (Centre), le pôle “Avenia” (Aquitaine), le pôle “Team” (Nord-Pas-de-Calais) et enfin le pôle “Energivie” (Alsace). Il faut rappeler qu’en juin 2008, sur les 71 pôles de compétitivité que compte la France, 58 avaient rempli leurs objectifs.

Quid de la spécificité de ces six technopôles qui feront l’objet d’une première évaluation en 2012 par Matignon ?

Selon Daniel Villessot, président de l’ensemble “Dream-Eau et milieux” (durabilité de la ressource en eau, énergie renouvelable et milieux naturels), les enjeux sont nombreux pour ces “pôles de mai”. “Le premier défi est d’arriver à bien structurer en termes d’organisation et de gouvernance ces associations régies par la loi de 1901, précise-t-il. Par ailleurs, une des missions essentielles est de s’inscrire dans l’écosystème des collectivités territoriales, tout en contribuant à faciliter le travail des patrons de PME, lesquels rencontrent souvent beaucoup de difficultés pour développer leurs activités.” Dans cette optique, les pôles doivent leur apporter un maximum de valeur ajoutée en termes de suivi de leurs projets collaboratifs. Ainsi, des réunions d’adhérents sont régulièrement organisées dans un souci d’accompagnement.

“Le rôle d’un pôle de compétitivité n’est pas seulement d’être une usine à projets collaboratifs, insiste Daniel Villessot. Tout doit être fait pour aider les PME dans leurs démarches. Pour cela, des plateformes collaboratives ont été mises en place dans le but d’optimiser la notion de partage.”

Directeur général d’Aster Capital, fonds de capital-risque réunissant les groupes Schneider Electric, Alstom et Rhodia, Jean-Marc Bailly voit d’un bon œil l’émergence de ces pôles de compétitivité : “Ils jouent un rôle essentiel. On se rend ainsi compte que l’on ne peut plus désormais réussir tout seul. L’entreprise doit créer son écosystème de partenaires et de fournisseurs afin de se donner des chances de réussite dans un univers de plus en plus concurrentiel”, conclut-il.

Par Jonathan Nahmany

Voir: http://www.lenouveleconomiste.fr/lesdossiers/developpement-durable-green-tech-13165/

PB VEILLE CONSULTING
L'information au service de l'entreprise
http://www.pb-veille-consulting.com

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