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Regards sur les pôles
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8 janvier 2012

Les biosciences s'installent sous le soleil de Floride

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68707.htm

La Floride est davantage connue pour ses plages de sable blanc, ses maisons de retraite, son jus d'orange et son parc Disney World que pour son biocluster. Pourtant, depuis 2003, l'Etat du soleil a pris de nombreuses mesures pour former un pôle de compétitivité dans le domaine des sciences de la vie. Aujourd'hui, après huit années, ces efforts ont payé. La Floride est devenue un lieu majeur pour les biosciences. En témoigne le rapport 2011 publié par le cabinet Jones Lang Lasalle [1] qui identifie la Floride comme un pôle "émergent" en SDV même s'il ne le classe que quatorzième parmi les seize autres pôles américains analysés dans son étude. La Floride s'est métamorphosée rapidement en une région d'intérêt pour les sciences de la vie mais le développement de son biocluster connaît un ralentissement dû, entre autres, à la situation financière de l'Etat et au manque d'investisseurs.

Un départ ambitieux

Il y a huit ans, le gouverneur Jeb Bush (Républicain) a souhaité transformer l'Etat de Floride en un lieu d'accueil pour l'enseignement et l'industrie des biosciences. Pourquoi? Il s'agissait essentiellement de diversifier l'économie et de restructurer le paysage économique de l'Etat. Grâce à de généreuses subventions gouvernementales et à une politique de recrutement intensive, la création du biocluster a été très rapide.

La Floride a en premier lieu attiré de prestigieuses institutions par des financements directs et un allégement de la fiscalité. Ainsi le "Scripps Research Insitute", un centre de recherches biomédicales implanté à La Jolla, Californie, a reçu 579 millions de dollars sous forme de subventions pour ouvrir à Jupiter le "Scripps Florida".

Le "Sanford-Burnham Institute for Medical Research", également installé à La Jolla a obtenu 310 millions pour bâtir un centre à Orlando [2]. Enfin l'institut "Max Planck Florida" est le premier centre établi aux Etats-Unis par l'institut Max-Planck (société allemande pour le développement des sciences), une association à but non lucratif financée par l'Etat fédéral et les seize états-régions allemands. Le comté de Palm Beach et ses partenaires, dont l'université Florida Atlantic, ont investi 94 millions de dollars pour la création de cet institut. [3]

Les secrets de l'Etat du soleil

Pourquoi la Floride? Qu'est-ce qui attire l'industrie des biotechnologies et les grands instituts dans cette région? Premièrement, comme nous l'avons expliqué précédemment, l'Etat offre de nombreuses incitations financières : en plus des financements gouvernementaux, les entreprises payent peu de taxes et il n'y a pas d'impôt sur le revenu. Deuxièmement, l'environnement et la démographie de la Floride sont favorables à la recherche. En effet le nombre important de personnes âgées qui y résident représente des sujets d'études potentiels pour les maladies neurodégénératives. C'est également une région où il est facile de trouver d'éventuels philanthropes. De plus le climat chaud et humide ainsi que l'afflux d'immigrants en font un endroit idéal pour l'étude des maladies infectieuses. Enfin, l'attrait du climat et des belles plages y sont sans doute aussi pour quelque chose ! [4] "Il y a trois facteurs principaux, en dehors de l'aide précieuse apportée par l'Etat, qui font de la Floride un endroit particulièrement intéressant pour les activités du "Scripps Research Institute" et notamment pour le développement de nouvelles sociétés biomédicales. Ces trois facteurs sont l'accès aux capitaux, l'accès à des compétences en matière de gestion et l'accès aux technologies. En effet il n'est pas simple de trouver au même endroit les nouvelles technologies autour desquelles des sociétés peuvent être bâties, les capitaux nécessaires à la création de ces jeunes entreprises innovantes (JEI) et les ersonnes capables de comprendre à la fois les dimensions scientifiques et commerciales de ces sociétés et de les gérer (...) je pense que la Floride offre tout cela" a déclaré, à la "Bio International Convention" en juin 2011, Scott Forrest, directeur du développement commercial et technologique au "Scripps Research Institute". [5]

BIO 2011 - Scott Forrest

Crédits : EnterpriseFlorida

Quelques chiffres

En 2011, selon le rapport du cabinet Jones Lang Lasalle, le pôle floridien apparaît à la septième place en termes d'infrastructures de recherche publiques et privées avec environ 400.000 m2 consacrés aux sciences de la vie. Il est également dixième en ce qui concerne le pourcentage de travailleurs dans le domaine des biosciences soit 12,1% par rapport aux travailleurs totaux. Parmi les six critères choisis pour départager les seize bioclusters, c'est pour les dépenses réalisées en R&D par les entreprises (en pourcentage du PIB) que la Floride arrive dernière.

Enfin il semble important de souligner que la Floride est quinzième avec 15,3 millions de dollars en ce qui concerne le montant des investissements sous forme de capital-risque, un résultat qui met en valeur les difficultés pour les nouvelles sociétés à trouver des investisseurs dans cet Etat. [1]

Un développement ralenti par une situation économique instable

Depuis 2003, un grand nombre de dirigeants ayant participé au ancement du pôle ont cependant quitté leurs bureaux : les fonds fédéraux accordés pour la recherche ont diminué et le Gouvernement de Floride est à court d'argent.

L'Etat tient ses premiers engagements financiers vis à des instituts mais les autres investissements accusent du retard. Le budget 2011-2012 de l'Etat prévoit d'allouer 3,48 milliards de dollars aux onze universités publiques de Floride soit 4% de moins que pour le budget 2010-2011 [2].

Les inquiétudes concernant les fonds gouvernementaux semblent avoir contribué à l'échec d'un accord en juin dernier avec le "Jackson Laboratory", une institution privée à but non lucratif dont les activités sont tournées à la fois vers la production d'animaux de laboratoires et la recherche de très haut niveau en génétique. La société en effet a retiré sa proposition de construction d'un laboratoire dans le Comté de Sarasota. "Nous avons été invités à soumettre une proposition financière plus faible à l'Etat, mais les fonds proposés (...) et les incertitudes rendent ce projet trop spéculatif pour que nous nous y engagions" a déclaré Charles Hewett, vice-président du Jackson Laboratory [6].

Un autre obstacle majeur au développement durable du biocluster de Floride est le manque de sociétés locales capables d'investir dans des fonds de capital risque pour le financement de JEI en biotechnologie. Le capital risque est un investissement à risque et sur le long terme assorti de gains potentiels élevés. Les investisseurs en capital risque apportent du capital, ainsi que leurs réseaux et expériences à la création et aux premières phases de développement d'entreprises innovantes [7]. "L'Etat fait beaucoup d'efforts pour aider des sociétés comme la nôtre, mais on ne trouvera jamais en Floride le nombre d'investisseurs que l'on peut trouver en Californie ou à New York", avoue Marilyn Bruno, fondatrice et directrice générale d'Aequor, une JEI qui vend des produits anti-bactériens. Mme Bruno, qui cherche des investisseurs pour développer des produits respectueux de l'environnement empêchant la contamination bactérienne sur une large gamme de surfaces, allant des bateaux à la peau, rajoute "pourquoi feraient-ils un investissement risqué dans une société de biotechnologie à laquelle ils ne comprennent rien alors qu'ils peuvent acheter un appartement avec vue sur la plage de Miami et être sûrs de faire fortune ?" [2]

Conclusion

En dépit des obstacles, les efforts fournis par le Floride semblent porter leurs fruits. La promesse d'une industrie robuste offrant de nouveaux emplois, des découvertes scientifiques brevetables et attirant les investisseurs a été tenue. Cependant le pôle floridien reste très jeune et il faudra sans doute encore plusieurs années pour savoir si la Floride a transformé un investissement stratégique en un centre incontournable en matière de SDV.

Voir: http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68707.htm

Patrick Barbieri
PB VEILLE CONSULTING
L'information au service de l'entreprise

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