La rentabilité des IRT à 10 ans est-elle réaliste ?
Le 12/03/2012
Le décret annonçant la création du premier Institut de Recherche Technologique, l’IRT Jules Vernes a été publié au journal officiel du 6 mars. C’est le premier des huit IRT, qui ont été labellisés par le Programme d’investissement d’avenir, à pouvoir se lancer. UN montage compliqué, car les IRT sont des instituts de recherche publics-privés collaboratifs.
Dans le cas de Jules Vernes, il est financé par 7 grands industriels fondateurs, plus un GIE de PME et 5 partenaires académiques. Pour financer ses trois premières années de fonctionnement, l’État, via l’argent du grand emprunt, met 44 M€, et les industriels 52 M€. L’idée de départ des IRT, est que l’État finance ainsi pendant 10 ans. Et qu’ensuite, l’IRT soit autonome financièrement : contrats de recherche, licences de brevets… Or Stéphane Cassereau, ancien directeur des Mines de Nantes et futur directeur général de l’IRT Jules Vernes, n’y crois pas.
« La rentabilité à 10 ans n’est pas réaliste. C’est une vue de l’esprit. Même les meilleurs au monde, comme les instituts Fraunhofer allemands, ne s’autofinance qu’à 50 %. ». Pour l’IRT Jules Vernes, Stéphane Cassereau lui vise, au mieux, un autofinancement de 30 % à 10 ans ! Et il ne s’en est jamais caché, même au moment du dépôt du projet pour validation par le jury des investissements d’avenir. « Personne dans le monde ne fait de la recherche mutualisée autofinancée », leur a-t-il expliqué. Apparemment, l’ANR, qui gère l’argent du grand emprunt pour la partie recherche, n’y a rien trouvé à y redire. « En fait, on a bénéficié de l’urgence dans laquelle le gouvernement se trouve. » En clair, il fallait au moins lancer un IRT avant les élections. L’ANR et le Commissariat aux Investissements d’avenir seront-ils aussi coulants avec les autres porteurs de projets.
Et si oui. Quel avenir ont ces instituts ? Comme pour les pôles de compétitivité qui n’ont pas de vocation mondiale, devront-ils s’attendre à ne plus compter que sur les collectivités locales, pour assurer leur existence ?
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AB
Patrick Barbieri
PB VEILLE CONSULTING
L'information au service de l'entreprise