La longue gestation de l’unique IRT en santé
Par Gaëlle Fleitour
Publié le 12 avril 2012
© FotoliaLe faire-part est pour bientôt. Spécialisé en infectiologie et microbiologie, l’Institut de recherche technologique BioAster, porté par l’Institut Pasteur et le pôle de compétitivité LyonBiopôle devrait enfin voir le jour.
La création de l’IRT BioAster (ex Lyon Biotech), seul institut de recherche technologique en santé sur les six sélectionnés par le jury des investissements d’avenir (grand emprunt), devrait intervenir dans moins d’un mois. Cette naissance va intervenir au terme d’une difficile gestation… Délicate, tout d’abord, en raison du grand nombre d’acteurs. En effet, l'IRT est Issu de la fusion de deux projets de l’Institut Pasteur et du pôle de compétitivité LyonBiopôle et réunit les expertises de trois grandes entreprises : "l’Institut Merieux, Sanofi qui s’est beaucoup investi et Danone un petit peu moins", estime Alice
Dautry, directrice de l’Institut Pasteur. Mais aussi du CNRS, de l’Inserm, du CEA et d’une quarantaine de PME.
Améliorer l’efficacité des traitements antimicrobiens
Mais "le retard n’est pas de notre fait", avance Jacques Berger, coordonnateur de la mise en place de l’IRT. Les autorités françaises n’étaient pas en situation de répondre à nos nombreuses interrogations." Et ce n’est pas forcément fini… "La période électorale pourrait laisser penser qu’il y aura des changements de règles du jeu, mais on s’adaptera !", promet Jean Derégnaucourt, directeur des applications de la recherche et des relations industrielles de l'Institut Pasteur.
De nombreux points sont cependant actés. L’IRT pilotera ses propres projets de recherche, ou en partenariat, autour de l’infectiologie et de la microbiologie. Il associera aussi bien la biologie, la chimie, le calcul avec le CNRS ou les nanotechnologies du CEA, pour aboutir à de nouveaux produits ou technologies. Parmi ses priorités scientifiques : améliorer l’efficacité des traitements antimicrobiens, concevoir des diagnostics plus rapides et efficaces, ou encore développer de la médecine et de la nutrition plus personnalisées avec des biomarqueurs et des probiotiques. Il faudra donc que "cet objet nouveau" comble "le chainon manquant entre la recherche académique et la mise sur le marché d’applications et de produits", mais "ne représente surtout pas une couche supplémentaire dans un paysage de la recherche assez complexe", reconnaît Alice Dautry.
Une structure privée de valorisation dédiée
Cofinancé à 50/50 par le public et le privé, l’IRT bénéficiera d’un budget de près de 670 millions d’euros sur neuf ans, dont 180 millions issus des Investissements d’avenir. Reste à affiner certains points. Comme la répartition des projets entre les deux sites, le site principal se trouvant à Gerland, à Lyon, tandis que le site secondaire sera localisé à l’Institut Pasteur, à Paris.
L’IRT devra aussi trouver à terme son autonomie financière. "Le contrat de performance qui va nous lier à l’Etat s’arrêtera dans dix ans, rappelle Philippe Cleuziat, directeur du programme d’innovation à l’institut Mérieux. Pour avoir une certaine pérennité économique et scientifique, qui lui permette d’être visible sur le plan international, l’IRT devra générer de la valeur, en valorisant ses brevets, ses actifs…". Car si 70 à 80% de l’activité devrait être dédiée à la recherche industrielle, la propriété intellectuelle générée par ces projets appartiendra à l’IRT, qui sera doté d’une structure privée de valorisation. Charge à cette dernière de travailler en bonne intelligence avec les sociétés accélératrices de transfert de techno (SATT), même si aucun contact n’a encore été établi, reconnaît un membre.
Voir: http://www.usinenouvelle.com/article/la-longue-gestation-de-l-unique-irt-en-sante.N172681
Patrick Barbieri
PB VEILLE CONSULTING
L'information au service de l'entreprise