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Regards sur les pôles
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23 avril 2012

L'intelligence économique et les politiques publiques: le cas de l'emploi au Cameroun

Par Lucien Ntamag-19/04/2012

Par Lucien Ntamag, consultant en Intelligence économique cirie conseil

Le Cameroun, pays d’Afrique central situé à la lisière de la ligne équatoriale, qui partage six frontières avec six pays différents (Gabon, Congo, RCA, Tchad, Nigéria, Guinée équatoriale), renommé « l’Afrique en miniature » en raison de sa diversité climatique, de sa mosaïque de peuplement et de ses caractéristiques géographiques lui donnant plusieurs visages, et longtemps considéré comme le phare de l’Afrique central en raison de ses résultats économiques, académiques et même de son hospitalité légendaire, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, partagé entre une volonté réelle du gouvernement de se doter d’infrastructures lourdes et porteuses de croissance et une obligation de rétablir le bien être des populations et la justice sociale. Dans sa stratégie actuelle de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, une grande place est réservée à la résorption du chômage et cela est largement visible dans le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), cadre de référence pour la vision stratégique du gouvernement notamment en son chapitre 4, traitant de la stratégie de l’emploi. Un document d’expert fort appréciable en son exhaustivité et sa précision Mais comment est il possible aujourd’hui comme hier de se passer d’intelligence économique dans une vision globale et long terme ou comment inscrire l’intelligence économique dans la vision stratégique de l’emploi et du développement au Cameroun?

Quelques indicateurs :

Au Cameroun aujourd’hui le taux de chômage oscille entre 14% et 15% de la population active avec un taux de chômage stricte à 4%, et un taux de sous-emploi au environ de 75% de la population active qui elle-même s’élève à 8millions d’habitant pour une population totale de 20 millions, avec deux cent mille habitants employés dans le secteur public, environ huit cent mille dans le secteur privé formel et le reste dans le secteur informel, y compris le monde rural. Selon le DSCE L'analyse de la situation du sous emploi au Cameroun montre que (et c’est là où c’est intéressant) il existe un sous emploi invisible qui comprend les actifs occupés dont le revenu est inférieur au SMIG (28216 FCFA), représente 64,8% de la population active, tandis que le sous emploi visible (11%) concerne les personnes travaillant involontairement moins que la durée légale hebdomadaire (40 heures par semaine).

D’autre part le secteur informel regroupe à lui seul 90¨% de la population active, ce qui représente un véritable manque à gagner pour les finances publiques, en terme de recettes fiscales cause un impact direct sur la confiance des investisseurs et le climat des affaires, et porte un sérieux coup sur l’esprit d’entreprise des citoyens honnêtes. Cette « archi-domination » du secteur informel démontre à loisir l’inefficacité des politiques publiques jusque là appliquées et pose un véritable problème de coordination et d’intégration de l’information et des services de l’état autour des objectifs stratégiques nationaux, et démontre par ailleurs l’existence d’un « GAP » entre les actions gouvernementales et les réalités de terrain. Le gouvernement à travers l’accélération du processus de décentralisation montre la prise de conscience qui est la sienne de cet écart entre la volonté et les actes, mais une véritable adoption des standards internationaux d’exécution et de suivi des actions au travers d’outils tel que : la feuille de route (miles-stone), l’intégration de l’information, la cartographie des flux d’information, les retours d’expérience, la coordination régionale de la compétitivité, les communautés sectorielles de pratiques etc… est nécessaire et aujourd’hui indispensable à la réalisation des objectifs qui sont les siens. L’intelligence économique, adoptée et implémentée depuis le sommet de l’état devrait permettre à un pays comme le Cameroun de se doter d’outils pertinents et pratiques pour enfin traduire toute sa volonté et son potentiel en véritable « BOOM » socio-économique au service du bien être des populations. Afin de relancer l’emploi et de résorber le chômage au Cameroun, le gouvernement dans son Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) s’est appuyé sur trois piliers majeurs :

1 ACCROISSEMENT DE L'OFFRE D'EMPLOIS DÉCENTS
2 MISE EN ADÉQUATION DE LA DEMANDE D'EMPLOI
3 AMÉLIORATION DE L'EFFICACITÉ DU MARCHE DE L'EMPLOI

© http://cirieconseil.com/

Lucien Ntamag
 
La lecture de ces trois préoccupations démontre largement le dérèglement de la structure de l'emploi dans le pays, une situation qui ne saurait être nouvelle et ne peux résulter que des dysfonctionnement et des "sorties de routes"observés sur l'équivalent au moins d'une génération entière, ce qui nous emmène à constater que la résorption de ces dysfonctionnement ne pourra s'effectuer que dans le même temps et à travers des politiques rigoristes, globales et intégrées de restructuration de l'emploi, ce qui obligatoirement nécessitera des instruments d'anticipation et de prévisions, voir de protection des politiques publiques de l'emploi. l'intelligence économique peut elle apporter une réponse à cette préoccupation?

Intéressons nous à l'accroissement de l’offre d’emplois.

La stratégie du gouvernement du Cameroun repose sur Huit piliers qui sont le développement des PME et la promotion de l’emploi salarié décent, il s’agit ici de lever les contraintes institutionnelles qui entravent l’éclosion des PME, et promouvoir la création des pôles de croissance parallèlement à la politique de développement des filières. La levée des contraintes institutionnelles, par l’accroissement de l’offre d’infrastructures, l’amélioration de l’environnement des affaires, l’accompagnement à l’amélioration de la gouvernance, la promotion de l’auto emploi : c’est dans cet objectif que le gouvernement à d’ailleurs recruté 25000 personnels dans la fonction publique, plusieurs programme spécifiques ont d’ailleurs vu le jour, notamment le Pacte National pour l'Emploi des Jeunes (PANEJ) dont le document de politique constitue le socle de la promotion de l'emploi des jeunes qui vise à donner une chance aux jeunes d'acquérir un métier et d'accroître ainsi leur chance d'insertion professionnelle, tout en bénéficiant d'un revenu ; (ii) le Projet d'Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI), (iii) le Programme d'Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine (PAJER-U) ; (iv) le projet d'insertion socio-économique des jeunes à travers;

1- la fabrication de matériels sportifs.

Autant de programmes aux résultats mitigés qui n’ont pas fait évoluer le sentiment général d’impuissance et la course permanente des jeunes à la débrouillardise et à la « diplômite ».

2- En ce qui concerne de l’objectif de mise en adéquation de la demande d’emploi, l’accent a été mis sur la formation une volonté de diversification de l’offre de formation, une volonté d’améliorer les standards de formation, une volonté de réduire les disparités, en introduisant les technologies de l’information et de la communication et bien d’autres mesures qui parfois démontrent une applicabilité insuffisante.

3- Enfin pour améliorer l’efficacité du marché de l’emploi, l‘accent a été mis sur la transparence, le renforcement des circuits formels de placement des demandeurs d’emploi, via le fond national de l’emploi, qui reste encore ignoré de la majorité des jeunes malgré un taux de transformation intéressant, et dont les ressources humaines sont encore insuffisantes,.

La stratégie d’accroissement des emplois s'appuie également sur la promotion des emplois à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), qui impacte directement le bâtiment, les routes l’agriculture, l’assainissement urbain.

Initiatives et orientations qui toutes proportions gardées sont de nature à produire des résultats intéressant du fait même de la justesse du diagnostique ayant présidé à ces orientations.

Seulement ce constat appelle à une observation majeure, qui réside en la reproduction des modèles ayant conduit à cette situation.

Dans les années post-indépendance, de 1960 à 1970, le gouvernement du Cameroun a mené une politique volontariste d’éducation pour tous, qui a produit des résultats probants. Cette politique essentiellement orientée vers la formation de l’élite dirigeante à conduit à la création des premières universités d’état, dotant le Cameroun d’un socle académique de référence en Afrique sub-saharienne, c’est cette élite, formée qui a mené les politiques de développement jusqu’alors implémentée, avec une structuration de la gouvernance centrée sur une administration publique forte, chargé de conduire les projets de développement. La conduite des projets a donc été largement marquée par la modélisation académique et les freins bureaucratiques dont la source a sans doute été l’obligation de moyens de la haute administration qui s’est diluée à tous les échelons de l’administration, favorisant ainsi le clientélisme, le népotisme, la corruption et les habitudes de facilité qui jusqu’à ce jour marquent profondément la société Camerounaise malgré un prise de conscience collective des phénomènes énoncés ; et cela est patent aujourd’hui lorsque l’on observe certaines attitudes des cadres chargés de mener les projets qui vous renvoient systématiquement vers les livrables que sont le DSCE, le DSRP ou vers les projets tels que le PAJER ou le PIAASI, avec une pointe d’autosatisfaction tout se passe comme si la constitution de ces organes et la publication des livrables, bien qu’importants, étaient en elles même le début du bien être social et la sortie de la pauvreté, alors quid des évaluations neutres et réelles de ces politiques ? quid du suivi et du contrôle permanent indispensable de l’efficacité et de la bonne exécution de ces actions ? Certains disent « rendez vous en 2020 » et c’est bien là où le bas blesse car 2020 c’est déjà demain.

Les projets ambitieux et importants actuellement menés par les pouvoirs publiques ne sauraient porter les fruits escomptés, sans une véritable rupture du système d’information institutionnel, une rupture de la sécularisation de l’information qui fait des politiques publiques très souvent bien pensées, de grands éléphants blancs inopérants et sans effet dans le panier de la ménagère. Cette gestion en silos doit laisser place à un management intégrée des projets car le développement des infrastructures a une incidence directe sur le programme d’appui aux jeunes qui influe directement sur le secteur informel lui-même directement impacté par l’exode rural etc.. Cette maitrise de l’information stratégique passe obligatoirement par une politique affichée et affirmée d’intelligence économique de la part des pouvoirs publics. L’intelligence économique ne se cache pas et n’est point une affaire de barbouze ou d’officine comme le laisse penser un certain imaginaire, il s’agit pour un pays d’une mise à contribution concertée et affichée de tous les services consulaires et étatiques pour la recherche, l’analyse et la diffusion de l’information au fins de protection du patrimoine économique, de sa valorisation et de son optimisation au service de la croissance économique et du bien être social. Il ne s’agit point ici de démanteler toutes les démarches jusqu’alors entreprises mais de les valoriser au sein d’un agence exclusive de traitement et de diffusion de l’information aux agents économiques et à l’état, une information qui, traitée au sein des cellules de veilles stratégiques, sera transformée en connaissances actionnables, générant ainsi un flux positif de données qui grâce au cycle du renseignement :expressions des besoins- recueil-analyse- traitement-diffusion-expression des besoins… assurera en temps réel le suivi des politiques publiques sur le terrain ou tout au moins le retour d’informations pertinentes nécessaires à l’anticipation. Cet organe ou agence, selon la forme qui conviendra, sera en rapport directe avec les nécessaires pôles de compétitivité ou de croissance afin de leur fournir les analyses sectorielles et éviter ainsi des conflits de fonctionnalité et de compétences. Les démembrements régionaux et départementaux d’une telle agence serviront des dispositifs territoriaux d’intelligence économique, permettant ainsi de disposer des informations spécifiques et sectorielles évitant d’apporter des réponses nationales à des situations régionales ou départementales, au service de la politique d’émergence du pays.

Elle peut revêtir la forme d’une agence nationale ou d’une délégation auprès du gouvernement, autonome dans sonfonctionnement et subventionnée par les collectivités territoriales décentralisées et l’état. L’apport d’un tel organe sera certain et directe sur la structure de l’emploi dans le pays en priorité, car l’information stratégique et anticipative ainsi obtenue constituera une valeur ajoutée au service des politiques sectorielles et territoriales de l’emploi, permettant des réajustements instantanée des actions entreprises, loin de la contrainte bureaucratique et du temps politique qui entoure aujourd’hui les différentes évaluations proposées par la tutelle ministérielle, l’intelligence économique à travers cet organe ne sera point un département de plus, mais un outil au service des administrations, agents économiques ou non gouvernementaux. Nous pouvons d’ores et déjà louer les efforts effectués dans le sens de l’accélération du processus de décentralisation tout en encourageant l’action du ministère de tutelle qui a fort à faire, les habitudes ayant la peau dure au Cameroun en particulier, et pour plus de précisions prenez contact avec nous.

Voir: http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=11138

Patrick Barbieri
PB VEILLE CONSULTING
L'information au service de l'entreprise

http://www.pb-veille-consulting.com

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