Mulhouse veut rejoindre Strasbourg au sein d'une même métropole

La prochaine arrivée du TGV Rhin-Rhône accélère les projets mulhousiens. Un quartier d'affaires et une réorganisation profonde du centre-ville sont engagés. L'enjeu : se donner les moyens de rejoindre Strasbourg pour créer une grande métropole.
Nous sommes devenus une ville décomplexée », estime Jean Rottner, maire UMP de Mulhouse. Et ce nouvel état d'esprit est en bonne part dû à la naissance de Mulhouse Alsace Agglomération (M2A) qui, avec 270.000 habitants, se situe au 20 e rang français. « C'est un atout décisif », pense Jean-Marie Bockel, président de l'entité à laquelle il a fortement contribué en tant qu'ancien maire de la ville.

Fini le temps où la sous-préfecture haut-rhinoise était assimilée à des reconversions en pagaille, friches industrielles et militaires à la clef. « Mulhouse est présente dans cinq pôles de compétitivité et dans sept pôles de compétence », indique Jean-Marie Bockel. « Le temps est venu pour nous de conforter Strasbourg dans son rôle métropolitain. Nous avons des choses à faire ensemble dans de nombreux domaines : nous disposons notamment de l'aéroport international qui manque à Strasbourg, tandis que notre petite université aurait tout à gagner à fusionner avec celle de notre voisine. En matière de santé, nous sommes aussi complémentaires », ajoute le président de la M2A, qui trouve d'ailleurs un écho favorable à cette vision dans la capitale régionale.

Plus forts ensemble

Pour asseoir cette ambition métropolitaine, Mulhouse doit encore poursuivre notamment des opérations tertiaires. « Le projet Gare est engagé, et nous démarrons 34 millions d'euros d'investissements pour améliorer la qualité de la vie dans le centre-ville. Nous gagnons en visibilité et cela doit se faire en cohérence avec la qualité de la vie », explique le maire. Autour de la gare, où vont se croiser à partir du 11 décembre prochain les TGV en provenance de la LGV Est et ceux circulant sur la LGV Rhin-Rhône, les travaux d'aménagement du futur quartier d'affaires sont en cours, le premier immeuble devant être livré cette année. « Grâce au retour de notre agglomération dans une ambition métropolitaine, nous pourrons apporter un poids supplémentaire à Strasbourg. Ensemble, nous pesons davantage, surtout dans une logique de promotion internationale », affirme Jean-Marie Bockel.

Mais si Mulhouse se pose ainsi en partenaire crédible de la principale cité alsacienne, c'est aussi parce que sa stratégie d'alliances s'est clarifiée. « Nous conservons nos liens historiques avec Belfort », indique le président de la M2A, qui évite au passage d'évoquer la grande agglomération du Nord Franche-Comté. Les relations avec le réseau métropolitain Rhin-Rhône « ont le mérite d'exister. Mais la bonne pertinence pour Mulhouse, c'est clairement le renforcement de nos liens avec Strasbourg ».

Avant 2010 Jean-Marie Bockel était parvenu à traiter les blessures postindustrielles avec, en particulier à son actif, la création du tramway et du premier tram-train de France ou la transformation de la « cathédrale » industrielle de la Fonderie en université et pôle culturel. Jean Rottner doit, lui, redonner du tonus au centre-ville qui souffre d'une image immobilière dégradée et qui peine à attirer des habitants de classes moyennes-supérieures. C'est l'un des buts avoués des projets en cours : avec un centre plus attrayant, la ville espère convaincre des opérateurs immobiliers à se lancer dans des opérations plus haut de gamme qu'actuellement.

DIDIER BONNET, Les Echos
CORRESPONDANT À STRASBOURG
DIDIER BONNET, Les Echos

Voir: http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201199349727.htm