Le modèle français du pôle de compétitivité et le modèle basque clusters d'entreprises

Le modèle français du pôle de Compétitivité est très récent.

Jean-Yves Delaune DG délégué du cluster West (agroalimentaire en Bretagne) prétend que « le fonctionnement des pôles de compétitivité « labellisés » ne donne pas satisfaction aujourd'hui. Trop de topdown (du haut vers le bas) » « Le « label » officiel est devenu, en deux ans, le « passage obligé » pour tout projet de coopération qui sollicite l'État et les collectivités territoriales.

L'interventionnisme des pouvoirs publics se traduit par une discrimination à l'égard des projets non labellisés par le pôle ou qui n'entrent pas dans leurs thématiques. Ceux-ci ont alors beaucoup de mal à avoir accès aux fonds publics qui sont limités. Dans ces conditions, de nombreux projets, émanant de  PME, ne peuvent aboutir, faute d'un soutien public pourtant légitime »

Deux modèles très différents

En Pays Basque sud, les clusters ont 15 ans d'expérience. Issus des réflexions de Michael Porter de l'Université de l'Université de Harvard aux EEUU, leur activité a progressé lentement, mais aujourd'hui, ces outils sont très utiles, non seulement pour les entreprises, mais aussi pour les pouvoirs publics afin d'élaborer leur politique industrielle.

Les PME se regroupent en clusters d'entreprises et développent des projets de coopération en technologie, qualité, formation des travailleurs et dirigeants, logistique, veille économique, commercialisation à l'extérieur et tout ce qui permet d'améliorer la compétitivité des entreprises et du secteur. Le mot clé est la coopération entre compétiteurs du même secteur pour aborder les actions que l'entreprise ne peut développer en solitaire.

Les PME trouvent dans les clusters ce qu'elles ne peuvent trouver dans les pôles de compétitivité.

C'est une vraie démarche « bottom up(du bas vers le haut). Ils sont crées à l'initiative des acteurs (les entreprises privés), les projets et leur réalisation leur appartient. « Cette démarche correspond au mode de fonctionnement mondial de l'économie de la connaissance consacrée par le traité de Lisbonne » ajoute M. Delaune.

Les clusters d'entreprises se développent par l'initiative privée. Ils sont soutenus par les pouvoirs publics en les encourageant, en les accompagnant, en les orientant, etc, mais sans intervention publique dans leur gestion, à la différence du modèle français. La gestion de la confidentialité, le respect de la stratégie de chacun des partenaires, la répartition des charges et des ressources à venir sont concertés entre partenaires privés.

Chaque acteur y apporte sa contribution et n'est pas seulement consommateur. C'est pourquoi les PME y trouvent plus facilement leur compte. Les modèles français et basque sont très différents même si l'objectif final est le même : faire progresser un secteur sur un territoire.

Le modèle français est centré sur la technologie, la Recherche Développement « R+D » et les centres de recherche publique alors que le modèle basque incite les entreprises privés à travailler dans tous les domaines de la gestion de l'entreprise (y compris la technologie).

Le modèle basque est il meilleur ?

Non, les deux modèles peuvent être complémentaires. Le Pays Basque sud l'a compris en séparant le système de R+D et les clusters, même si les clusters sont les plus grands consommateurs de R+D.

Chacune des étapes mises en œuvre nécessitent des financements de nature différente donc une intervention des pouvoirs publics et des collectivités territoriales adaptée, une ingénierie de projets spécifiques et un mode de gouvernance propre à chacun des réseaux. Il faut souhaiter que les projets de clusters d'entreprises se développent en France comme en Pays Basque sud, et qu'entre ces clusters et les pôles de compétitivité « labellisés » il y ait des accords de coopération facilitant l'émergence de projets innovants pour les pôles et les entreprises privées.

Certains territoires français veulent  amener les PME vers les pôles de compétitivité. Ne vous y trompez pas. Le véritable défi est le cluster d'entreprise. Le pôle est un complément, important certes, mais il ne  résoudra jamais à lui tout seul, les objectif de compétitivité des entreprises privées et du secteur.

Si on "clusterisait" toute l'économie ou même toute la socio économie?

La France et les pouvoirs publics français sont ils préparés à cette "révolution" de la gestion public - privé ? Le temps le dira.

Voir: http://www.iparralde.eu/iparralde/2007/09/le-modle-franai.html