« Investissements d’avenir » : Le « mode d’emploi »

Valérie Pécresse présentait hier à la communauté scientifique la répartition, les modalités et le calendrier d’attribution des 22 Mds d’euros de l’emprunt national consacrés à l’enseignement supérieur et à la recherche. Sur cette « cagnotte » distribuée par appel à projets, 4,5 Mds iront à la valorisation de la recherche, avec notamment la création de 5 ou 6 « campus d’innovation de rang mondial », organisés autour des pôles de compétitivité (2 Mds), et la mise en place d’un « Fonds national de valorisation » (1 Md).
Le programme « investissements d’avenir » de l’emprunt national entame sa phase opérationnelle. Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, présentait hier à la communauté scientifique le « mode d’emploi  » pour l’attribution des 22 milliards d’euros consacrés à l’enseignement supérieur et à la recherche sur les 35 Mds prévus par l’emprunt national. Les premiers appels à projets seront lancés « avant l’été » et seront traités par des jurys « indépendants » et comptant des « personnalités internationales ».

Un « rendez-vous historique »

Qualifié de «  rendez-vous historique pour la recherche française » par la ministre, le programme des « investissements d’avenir » consacre la logique de rapprochement entre recherche publique et monde industriel et vise à combler le retard français en matière de recherche privée et de valorisation. Si «  tout n’est pas encore décidé », notamment concernant la durée des labellisations (5 ou 10 ans), l’« architecture globale » est posée, a expliqué Valérie Pécresse. « L’esprit du Plan d’investissements d’avenir, c’est de donner les moyens à l’excellence scientifique de déployer tous ses effets » a-t-elle poursuivi.

Premiers appels «  dans les jours prochains »

Les premiers appels à projets, qui devraient donc être lancés « dans les jours prochains  » concernent le programme « santé-biotechnologies », doté de 1,55 Md d’euros, et celui en faveur des « Equipements d’excellence ». D’un montant d’1 Md, ce dernier vise à « lever l’obstacle budgétaire  » pour l’acquisition de nouveaux équipements. Il devrait favoriser le partage et la mutualisation des infrastructures de recherche, sous la forme de plateformes nationales spécialisées ou d’infrastructures distribuées. La sélection de ces deux appels sera connue « à l’automne  ».

Des « Sociétés d’accélération du transfert technologique »

D’ici l’été, trois autres appels seront lancés. L’appel pour la création d’Instituts Hospitalo-Universitaires (IHU) débouchera sur une sélection à la fin de l’année. Celui pour des « laboratoires d’excellence », doté d’1 Md pour « faire émerger des centres de recherche de pointe  » s’appuyant sur des pôles d’excellence, évaluera la « capacité à rassembler des équipes, à fédérer des projets, à rapprocher les organismes de recherche, universités et écoles, et à mettre en mouvement l’ensemble de ces forces vers la réalisation d’un projet commun  ». L’appel pour la création d’un « Fonds national de valorisation » aboutira début 2011. Ce Fonds, doté d’un 1 Md assurera le financement des « Sociétés d’accélération du transfert technologique » (Satt). Ces sociétés pourront prendre « la forme de filiales partagées entre plusieurs établissements qui assureront l’interface entre les laboratoires publiques et le monde industriel » pour toutes les questions relatives au dépôt de brevet, au transfert technologique, montage de projets public-privé ou encore à la création de start-ups.

5 ou 6 « campus d’innovation de rang mondial »

Sur les 4,5 Mds dédiés à la valorisation de la recherche, outre le milliard consacré au Fonds pour la valorisation, les Instituts Carnot bénéficieront de 500 millions et lanceront un appel à projets à l’automne, mais surtout, des Instituts de recherche technologique (IRT) et des Instituts d’excellence en énergie décarbonnée seront créées. Dotés de 2 Mds, l’appel pour les IRT vise la création de 5 ou 6 « campus d’innovation de rang mondial  », organisés autour des pôles de compétitivité existants. Les domaines stratégiques identifiés étant le numérique, l’aéronautique, les nanotechnologies et l’énergie, gageons que Saclay, Grenoble et Toulouse auront leur IRT.
Parallèlement, 5 à 10 Instituts d’excellence en énergie décarbonnée verront le jour. Avec un investissement d’1 Md, l’idée est de mettre en place des plateformes interdisciplinaires spécialisées, avec une logique de co-investissement public-privé. Les résultats de ces deux appels devraient connus début 2011.

Les « Initiatives d’excellence »

Enfin et toujours dans cette « logique d’ouverture et de coopération » et de rapprochement des laboratoires publics de l’industrie, un dernier appel concernera les « Initiatives d’excellence ». Doté de 7,7 Mds, il doit permettre l’émergence de pôle de dimension internationale. Les projets seront évalués sur leur ambition, l’excellence en matière de formation et de recherche, l’attractivité et l’intensité des partenariats. Les résultats seront connus avant la fin de l’été 2011.

2 juin 2010, Elsa Bellanger

Voir: http://www.innovationlejournal.com/spip.php?article5668