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Regards sur les pôles
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9 janvier 2011

Entretien avec Hubert Calmettes (2ème partie)

Cet article fait suite à la première partie publiée le mercredi 5 janvier 2011, Entretien avec Hubert Calmettes (1ère partie).

Dans ce cadre de réseau, quelle est la place de l’Aveyron au sein d’un pôle de compétitivité tel Agrimip Innovation ?

Effectivement l’Aveyron fait partie d’Agrimip. Ce qui serait curieux c’est qu’il n’y soit pas puisque c’est le premier département agroalimentaire de Midi-Pyrénées. Aveyron Expansion est le relais d’Agrimip sur le territoire aveyronnais. De la même façon, nous sommes relais du Pôle AESE (Aéronautique, Espace, Systèmes embarqués), le Pôle Aerospace Valley.

Quel est le rôle d’Aveyron Expansion dans le cadre de ces pôles de compétitivité ?

Avec les partenaires, rabattre des projets. Sensibiliser, d’abord. Expliquer ce que ça peut « rapporter ». Et puis essayer de voir à la faveur de visites sur le terrain, quels projets seraient susceptibles d’être éligibles dans le cadre d’Agrimip. Alors tous ne sont pas éligibles au FUI (Fonds Unique Interministériel (programme destiné à soutenir la recherche appliquée, NDLR)) qui est le fonds courtisé par les pôles de compétitivité. Souvent les projets sont plus modestes. A ce titre là, les pôles servent surtout d’instance de fléchage sur des dispositifs déjà existants. On a sur ce territoire quelques jolis projets qui ont été éligibles au FUI, labellisés Agrimip ou labellisés AESE. Parce que l’on a identifié à un moment donné un besoin, ont été mis en relation des structures de formation, laboratoires et industries, puisque c’est sur ce triptyque que fonctionnent les pôles de compétitivité.

Dans les pôles, par définition, vous pouvez avoir recours à un laboratoire qui est hors territoire. Parce que la compétence sur le projet de recherche en question n’est pas locale. Il faut aller chercher la compétence là ou elle est. Et nous n’avons pas, sur un territoire comme le notre, beaucoup de laboratoires ou de structures de formation, d’enseignement supérieur. Donc des entreprises, comme par exemple la RAGT (Rouergue Auvergne Gévaudan Tarnais, NDLR), semencier de très haut niveau, en pôle position au niveau mondial pour tel ou tel projet peut être amené à faire appel à des laboratoires hors territoire.

Comment une entreprise aveyronnaise peut elle bénéficier des services d’un pôle de compétitivité ?    

Vous avez différents sujets qui peuvent intéresser un pôle comme Roquefort, par exemple. Vous pouvez avoir des sujets relatifs à la sélection des animaux, sélections génétique et autres. Là on est typiquement sur des projets de recherche collectifs. Ce peut être la Confédération de Roquefort (Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort, NDLR), c’est une démarche collective où là on va faire appel à des chercheurs de haut niveau sur ces problématiques. Il peut y avoir des interactions avec une autre entreprise qui peut travailler, elle, sur l’aspect alimentation bétail et on peut avoir des corrélations qui se font à tel ou tel niveau. On voit bien que sur des projets aussi complexes, qui touchent la performance laitière, on peut avoir la mise en commun d’expériences qui émanent de plusieurs entreprises, laboratoires ou unités de recherche,   ou unités de formation. L’agence et les acteurs du pôle sont à la disposition des entreprises pour les accompagner dans leurs démarches relatives à ces types de projets.

En matière de recherche, les entreprises aveyronnaises viennent-elles vers vous ou bien est-ce vous qui allez vers elles ?

Il existe deux profils d’entreprise en réalité. L’entreprise qui, historiquement, presque génétiquement dans son ADN, a la recherche comme cheval de bataille est condamnée à l’innovation. Donc il existe forcément un pool de R&D (Recherche et Développement, NDLR) important, des ingénieurs de haut niveau, et dans ce cas, l’agence de développement économique, qu’elle soit là ou pas… Ils feront sans nous.

Puis il existe tout le tissu des PME. Et là les choses sont beaucoup moins évidentes. Surtout sur un territoire où le taux d’encadrement est relativement faible. En Aveyron, nous avons un taux d’encadrement qui est plutôt plus faible que la moyenne régionale ou nationale. Tous nos chiffres sont meilleurs qu’ailleurs sauf celui-là, ce n’est pas bon. Ce n’est pas bon, pourquoi ? Le niveau d’encadrement reflète forcément un certain niveau de réflexion, de prospective, d’innovation, de marketing, de développement commercial et tout ceci est plutôt plus timide sur ce département par rapport à d’autres territoires. Donc là, il faut travailler, « évangéliser ». Il faut faire un vrai travail d’information. C’est souvent délicat au niveau d’une agence de développement économique parce que d’abord, nous ne sommes pas des spécialistes de tous les secteurs d’activités. Il faut savoir le moment venu s’adjoindre les services ou les compétences de tel autre organisme.

Comment les entreprises aveyronnaises peuvent-elles mieux utiliser l’information ?

C’est à nous de faire le travail. Ce qu’on essaie de faire dans la mesure du possible, c’est de ratisser le territoire et d’aller voir les dirigeants. C’est à nous d’aller au devant des entreprises et on le fait avec des chargés de mission qui sont très « terrain » dans leur esprit et « territorialisés » dans leurs modes de fonctionnement. Ils détectent les projets et accompagnent les projets.  Nous avons le devoir d’aller au devant, d’abord pour connaître tout le tissu économique, et puis nous pouvons aussi déployer des actions préventives quand il y a des soucis, des problèmes liés à la crise par exemple. Nous faisons des pré-diagnostics qui peuvent déboucher sur des études très spécialisées que nous ne menons pas, du moins en totalité. Nous pouvons être amenés à faire des recommandations pour ajuster ce qui peut l’être avant qu’il ne soit trop tard.

La notion de proximité mise en avant précédemment est essentielle. Il faut se méfier comme de la peste de la théorisation en la matière, mal bien français. Dès qu’on capte, en France, un sujet, on met du gras autour, on le théorise, on le conceptualise et il cesse d’être concret. Donc là il est très important de garder les pieds sur terre, de voir sur le terrain comment ça marche avec l’entreprise ou les entités qui ont pour vocation de travailler avec des entreprises. Cela touche le territoire et là, sur un département comme le nôtre qui est grand comme la région Alsace ou une région comme Midi-Pyrénées grande comme un pays : la Suisse, ça fait du sens la proximité ! Et l’intelligence économique doit être aussi une intelligence de proximité.

Cet entretien a été réalisé avec M. Hubert Calmettes, directeur d'Aveyron Expansion, le jeudi 23 décembre 2010 dans les locaux de Rodez.

Voir: http://thierryhau.over-blog.com/article-entretien-avec-hubert-calmettes-2eme-partie-64470829.html

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